Affaires

Vers un remboursement santé adapté aux revenus : trois questions sur cette initiative audacieuse !

2025-04-16

Auteur: Léa

Et si vos frais de santé dépendaient de vos revenus ? Dans son dernier rapport sur la Sécurité sociale, dévoilé le 14 avril, la Cour des comptes fait ressurgir l'idée d'un "bouclier sanitaire". Ce dispositif a pour objectif de plafonner les frais restants à régler après le remboursement de la Sécurité sociale, en les adaptant à la situation financière de chacun.

1. À quoi ressemblerait ce "bouclier sanitaire" en pratique ?

La Cour des comptes prend exemple sur l'Allemagne, où ce système existe déjà. Les personnes à faibles revenus peuvent bénéficier d'une prise en charge complète dès le premier euro par leur assurance-maladie. En revanche, plus les revenus sont élevés, plus la prise en charge diminue. Les soins liés aux affections de longue durée restent intégralement couverts.

Actuellement en France, si un médicament coûte 10 euros et que la Sécurité sociale en rembourse 8, le reste à charge est de 2 euros. Cela concerne tous les assurés, car le montant payé aux pharmacies dépend de la mutuelle choisie. Avec le "bouclier sanitaire", ce remboursement pourrait passer à 7 euros, laissant un reste à charge variant selon les revenus : 0 euro pour les plus démunis et 3 euros pour les plus riches.

2. Pourquoi la Cour des comptes soutient-elle ce projet ?

Ce dispositif pourrait réduire les grandes disparités de reste à charge entre les assurés et permettre un meilleur contrôle des dépenses de santé. Cela est crucial, alors que le déficit des trois branches de la Sécurité sociale pourrait presque doubler, atteignant 20,1 milliards d'euros d'ici 2028.

Cependant, il est important de noter que cette proposition ne constitue pas une recommandation formelle de la Cour pour combler le "trou de la Sécu". Le Figaro souligne que cette idée est mentionnée en fin de note synthétisant les besoins de l'Objectif national de dépenses d'assurance-maladie et ne fait pas partie des 15 propositions concrètes du rapport.

3. Un tel système serait-il facile à mettre en œuvre en France ?

Pour Philippe Besset, président de la fédération des syndicats pharmaceutiques de France, la mise en place de ce "bouclier sanitaire" est actuellement "inenvisageable". Il estime qu'elle bouleverserait le principe du système français de Sécurité sociale, qui établit un prélèvement selon les revenus, garantissant à tous les mêmes droits en matière de santé.

Il s'inquiète également d'une possible complexification du système : "Cela rendrait les choses confuses. Aurait-on des cartes vitales différentes ?"

En résumé, bien que l'idée d'un remboursement santé basé sur les revenus puisse séduire, elle soulève de nombreux défis à surmonter dans le paysage complexe de la santé en France.