Véran, Buzyn, Bachelot... Huit anciens ministres de la Santé mettent en garde le gouvernement contre la remise en cause de l'AME
2024-09-26
Auteur: Pierre
Dans un appel urgent, huit anciens ministres de la Santé, issus de divers bords politiques, parmi lesquels Roselyne Bachelot, Agnès Buzyn et Olivier Véran, ont publié ce jeudi une tribune dans Le Monde pour alerter sur les dangers d'une potentielle suppression ou réduction de l'Aide médicale d'État (AME). Ils soulignent que « remettre en cause l'AME sans réduire l'immigration illégale aurait des conséquences sanitaires, humaines, sociales et économiques inacceptables ». Cette déclaration intervient alors que Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, envisage de restreindre ce dispositif à une « aide médicale d'urgence », limitant ainsi l'accès à des soins gratuits pour les étrangers en situation irrégulière.
Actuellement, les bénéficiaires de l'AME doivent remplir deux conditions : vivre en France de manière irrégulière depuis plus de trois mois et avoir des revenus inférieurs à 10.166 euros par an. Ce dispositif couvre de nombreux frais médicaux, y compris les soins médicaux et dentaires, les médicaments remboursés, les analyses, l'hospitalisation, ainsi que certaines vaccinations, le dépistage et les interruptions volontaires de grossesse (IVG).
La réaction à cette proposition de réforme ne s'est pas fait attendre, suscitée notamment par les répercussions potentielles sur la santé publique. Les anciens ministres mettent en garde : « Toute modification de l’AME obligerait les bénéficiaires à consulter plus tard, avec un état de santé dégradé, entraînant ainsi des soins plus lourds et coûteux ». Ils ajoutent que cela pourrait également entraîner une sous-investissement dans la prévention, particulièrement en matière de vaccinations et de dépistages.
Ce débat fait écho à une inquiétude croissante concernant l’accès aux soins en France et soulève des questions fondamentales sur l’éthique et la solidarité nationale. Alors que le système de santé est déjà sous pression en raison de la hausse des coûts et d’une demande croissante, la réduction de l’AME pourrait aggraver les inégalités d’accès aux soins pour les populations vulnérables. Ce sujet sera sans aucun doute au cœur des discussions politiques à venir.