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Vallée de la Chimie : De Lyon à Grenoble, une réaction en chaîne ?

2025-01-28

Auteur: Jean

Le 21 janvier 2025, l'usine Arkema située à Jarrie, près de Grenoble, a annoncé la suppression de 154 postes, citant des difficultés à la suite de la fermeture d'un site voisin, Vencorex, qui fournissait le sel nécessaire aux opérations d'Arkema. Cet événement, bien que pesant dans le paysage industriel grenoblois, ne constitue pas une première dans l'histoire de la région. Dans les années 70, la région avait déjà connu un pic de pertes d'emplois, mais jamais jusqu'à un effondrement total des activités. Pourtant, cette situation attire l'attention sur les interconnexions entre les usines de chimie de Grenoble et celles parvenues dans la Vallée de la Chimie à Lyon, une zone cruciale pour l’industrie chimique française.

La Vallée de la Chimie à Lyon, développée à l’ombre de l’industrie de la soie, s’est intensifiée durant la Première Guerre mondiale. Avec les années 1980, une vague de privatisations a secoué de nombreuses entreprises de la région. De nos jours, les sites industriels lyonnais et grenoblois cherchent à mutualiser leurs ressources pour faire face à des défis économiques croissants, ce qui est en partie responsable des préoccupations actuelles d'Arkema. "La mutualisation peut entraîner des effets en cascade. L'impact de la fermeture d'un site à Jarrie se fera sentir à Lyon, et vice versa," analyse Julien Lahaie, expert dans le domaine.

D’un point de vue plus global, l’industrie chimique en Rhône-Alpes fait face à une compétitivité en baisse tant au niveau national qu’européen. Spécialisée dans la chimie de haute qualité depuis les années 1980, la France doit maintenant compter sur d'autres pays, notamment l'Allemagne et la Chine, pour ses approvisionnements en matières premières. L’Asie, avec ses politiques publiques avantageuses et des coûts d’énergie plus faibles, s'impose donc sur le marché, posant un défi supplémentaire à l’industrie chimique française.

La situation est d'autant plus préoccupante à Lyon où la pollution des rivières avec des PFAS représente un enjeu sanitaire majeur. Les diverses crises auxquelles fait face l'industrie chimique ont amené certains acteurs à plaider en faveur d’une nationalisation de ce secteur, vital pour des applications stratégiques telles que la défense et la santé.

Alors, quelle est la place de la région Rhône-Alpes dans la chimie française ? Comment la Vallée de la chimie de Lyon s'est-elle imposée comme un pôle industriel d'importance européenne ? Et les difficultés rencontrées par les secteurs à Grenoble ne sont-elles que locales ? Face à cette crise de compétitivité, la nationalisation de certaines branches du secteur chimique peut-elle représenter une solution viable ?