Santé

Vaginose bactérienne : cette infection courant chez des millions de femmes est en réalité une IST

2025-03-14

Auteur: Louis

Depuis des décennies, la vaginose bactérienne a été perçue comme une infection courante mais souvent ignorée. Environ un tiers des femmes dans le monde en souffre, et plus de la moitié d’entre elles connaissent des récidives. Contrairement à une idée reçue, ces infections à répétition ne seraient pas uniquement causées par un déséquilibre du microbiome vaginal.

Une étude récente sans précédent révèle que la vaginose bactérienne pourrait également être sexuellement transmissible. Il est désormais conseillé de traiter également les partenaires masculins des femmes atteintes afin de prévenir les récidives.

"L’un des principaux facteurs de risque que nous avons mis en évidence dans nos études cliniques est d'avoir un partenaire régulier," a déclaré Catriona Bradshaw, l'auteur de l'étude et clinicienne au Melbourne Sexual Health Centre de l'université Monash. Elle ajoute que cela a conduit à envisager des essais cliniques chez les partenaires masculins.

UNE INFECTION SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLE ?

La vaginose bactérienne résulte d'un déséquilibre des bactéries dans le vagin, sans agent pathogène unique à l'origine. Cependant, les chercheurs soupçonnent depuis longtemps que ces bactéries peuvent être transmises sexuellement.

David Fredricks, clinicien à l'université de Washington, souligne que des données anciennes montrent un lien entre le nombre de partenaires sexuels et le risque accru de vaginose bactérienne, notamment après des rapports non protégés. Bien que cette hypothèse soit avancée depuis des décennies, les recherches sur le traitement des partenaires masculins n'ont pas toujours montré des résultats concluants.

Il est frappant de constater que des études menées auprès de couples de femmes lesbiennes aient révélé un taux exceptionnellement élevé de vaginose bactérienne, atteignant jusqu'à 80 % chez ces partenaires monogames. Cela illustre clairement la possibilité de transmission entre femmes, ce qui amène à questionner la transmission entre hommes et femmes.

UNE NOUVELLE APPROCHE DE TRAITEMENT

Pour évaluer cette hypothèse, Catriona Bradshaw et l'épidémiologiste Lenka Vodstrcil ont étudié des couples monogames hétérosexuels où la femme souffrait de vaginose bactérienne. Contrairement aux précédentes études, les hommes devaient non seulement prendre des antibiotiques oraux, mais aussi appliquer un antibiotique topique, la clindamycine, directement sur le pénis.

Après une période de traitement de sept jours bien suivie, il a été révélé que le nombre de femmes ayant récidivé était deux fois inférieur dans les couples où les hommes avaient suivi le protocole. Un comitéré de surveillance a même recommandé d'arrêter l'essai tant les résultats étaient convaincants.

Les recherches ont également montré que le taux de récidive était plus élevé chez les couples dont l'un des partenaires n'était pas circoncis, et que l'adhésion au traitement était cruciale pour le succès des résultats.

COMMENT EMPÊCHER LES VAGINOSES BACTÉRIENNES À RÉPÉTITION ?

Bien qu'il reste des recherches à mener pour déterminer le meilleur traitement pour les hommes, cette étude marque un progrès significatif. Comme l'explique Traci Kurtzer, professeure associée à Northwestern Medicine, la vaginose bactérienne est souvent récurrente, ce qui représente un défi pour les femmes et leurs médecins.

Actuellement, le traitement standard, bien que court, est souvent insuffisant, avec plus de la moitié des femmes subissant des récidives dans les trois mois suivant le traitement. De plus, les médecins prescrivent parfois des gels antibiotiques à utiliser sur le long terme, parfois pendant jusqu'à six mois.

Des experts, comme David Fredricks, suggèrent déjà que des changements dans les politiques de traitement pourraient être envisagés au sein des universités, incluant la prise de conscience sur la responsabilité des partenaires masculins. En effet, comme le souligne Lenka Vodstrcil, bien qu’il n’y ait souvent pas de symptômes apparents chez les hommes, leur rôle dans la transmission de la vaginose bactérienne est fondamental. Les chercheurs espèrent que cette prise de conscience les incitera à participer activement à la solution.