Science

Vaclav Smil : « Le public est scientifiquement très mal renseigné et les politiciens prêts à croire n’importe quoi »

2025-03-11

Auteur: Sophie

Depuis l'accord de Paris en 2015, le monde a convenu de l'objectif ambitieux de la neutralité carbone d'ici 2050. Dix ans après cet important accord, les experts s'inquiètent : reste-t-il suffisamment de temps pour atteindre cet objectif crucial pour l'avenir de notre planète ?

Vaclav Smil, un éminent expert en énergie et en environnement, met en lumière le défi colossal que représente la décarbonisation. Selon lui, l’effort mondial pour réduire les émissions de carbone n’a pas commencé avec l'accord de Paris, mais remonte plutôt à la Conférence de Kyoto en 1997. Aujourd'hui, 27 ans plus tard, les données sont préoccupantes : 80 % de l'approvisionnement en énergie primaire provient encore des énergies fossiles. Même les sources d'énergie renouvelables comme l'éolien et le solaire, qui sont souvent mises en avant, ne représentent qu'environ 15 % de la production mondiale d'électricité.

« Même si nous réussissons à accélérer la transition énergétique en doublant notre rythme d'adoption des énergies renouvelables au cours des 25 prochaines années, il est peu probable que nous atteignions l'objectif de neutralité carbone », souligne Smil. Ce constat alarmant appelle à une réflexion profonde sur notre manière de consommer et de produire de l'énergie.

En plus des conséquences environnementales, ces inégalités d'accès à l'information scientifique créent un fossé entre les attentes du public et la réalité des décisions politiques. Les citoyens se basent souvent sur des informations fragmentaires et parfois inexactes, tandis que les décideurs politiques, face à cette désinformation, peuvent être tentés d'opter pour des solutions simples qui ne tiennent pas compte de la complexité des enjeux.

Pour aller de l'avant, il est crucial d'éduquer le public et de promouvoir une transparence accrue dans le domaine de la science climatique. La prise de conscience collective pourrait catalyser des changements significatifs, mais encore faut-il que les lecteurs, les citoyens et les politiques soient disposés à écouter et à agir sur les faits réels. La question qui se pose est donc : serons-nous capables de faire preuve de responsabilité et de vision pour investir dans l'avenir de notre planète ?