
Urgences en Crise : Les Attentes Qui S'Alongent et une Réforme Urgente à Envisager
2025-03-19
Auteur: Chloé
Hervé Mourou, urgentiste à l'hôpital de Carcassonne et référent médical de l'Observatoire Régional des Urgences (ORU) en Occitanie, a récemment exprimé ses préoccupations quant à la situation des services d'urgences dans la région. Une étude de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) publiée le 19 mars met en lumière des éléments inquiétants concernant le temps d'attente aux urgences, ainsi que la tendance à la hausse de la fréquentation.
La DREES a réalisé un travail approfondi, comparant les données récentes avec celles d'une étude de 2013. En l'espace de dix ans, il est constaté que les services d'urgences sont de plus en plus sollicités en raison d'un accès limité aux médecins généralistes. En effet, le nombre de visites aux urgences a doublé, ce qui met en avant un problème de santé publique majeur.
L'étude révèle qu'actuellement, en Occitanie, la durée médiane d'attente aux urgences s'élève à 3 heures et 9 minutes, soit une augmentation de 5 minutes par rapport à l'année dernière. Les projections pour 2024 montrent que près de 1 880 000 personnes se rendront chaque année dans les 62 services d'urgences de la région, un chiffre en hausse de 1,3 %.
Plus alarmant encore, en raison du vieillissement de la population, le nombre de patients de plus de 75 ans à l'hôpital a augmenté de 4,5 %. Ces patients nécessitent plus de soins et un plus grand nombre de lits d'hospitalisation, alors que la DREES signale une perte de 45 000 lits d'hospitalisation en France depuis quelques années.
Hervé Mourou souligne également que les établissements de santé plus grands, comme ceux de Montpellier ou Toulouse, voient leur fréquentation augmenter de 2,6 %. Ce phénomène est exacerbé par un manque chronique de personnel médical, avec 800 lits de médecine et de chirurgie fermés en raison de pénuries de soignants. Malgré les efforts pour améliorer la situation par des mesures financières et des incitations, la réalité sur le terrain reste préoccupante.
Les défis auxquels sont confrontés les urgences nécessitent un réévaluation complète du système de santé. Selon M. Mourou, la séparation des patients selon leurs besoins – "aigu" ou "chronique" – pourrait être une solution viable pour éviter que les temps d'attente ne continuent d'augmenter. En effet, il faut s'attaquer non seulement à l'accès aux soins d'urgence mais également au traitement des maladies chroniques pour les personnes âgées.
La question demeure : jusqu'où faudra-t-il aller pour réformer un système en crise ? Le temps est venu de repenser totalement l'organisation des urgences et d'accorder une plus grande attention à la santé des aînés, pour éviter que cette situation ne se dégrade encore davantage.