La Cour de cassation examine ce mercredi 13 novembre la situation de Didier Lombard, ancien PDG de France Télécom, dans le cadre de la crise tragique qui a secoué l'entreprise au cours des années 2000, marquée par 35 suicides traumatisants en 2008 et 2009. Aujourd'hui, une nouvelle série de suicides touche Orange, héritier de France Télécom depuis 2013, et frappe les esprits tant la situation semble désespérante. Selon les syndicats, une trentaine de décès par suicide auraient été remarqués lors des deux dernières années parmi un effectif total de 65 000 salariés, comme le rapporte Franceinfo dans une enquête approfondie sur ce fléau.

C'est un appel au secours

L'enquête met en lumière des tragédies individuelles, notamment celle de Philippe Le Gall, 53 ans, qui s'est donné la mort le 13 septembre 2023. Dans un acte désespéré, il s'est pendu dans son garage après avoir signalé des difficultés émotionnelles à sa femme, mentionnant une perte de contrôle sur sa vie professionnelle. "Je n’arrive plus à gérer mon travail. Je n’arrive plus à faire la part des choses […] c’est un appel au secours", lui avait-il chiré avant sa tentative un mois plus tôt. Ce suicide a été reclassé comme un accident du travail, un témoignage douloureux de l’environnement stressant au sein d'Orange.

Philippe avait consacré 32 ans de sa vie à l'entreprise, étant d'abord fonctionnaire chez France Télécom puis ingénieur chez Orange. Un collègue témoigne que Philippe craignait de perdre son emploi, particulièrement en raison de la réduction des effectifs prévue dans son domaine de compétence, affecté par un plan de départs volontaires de 640 postes.

Des restructurations inquiétantes

Des rapports de médecins du travail consultés soulignent une augmentation de la charge de travail et un climat d'incertitude autour de l'avenir professionnel des employés. Ces constatations interviennent alors qu'Orange continue de se restructurer pour s’adapter aux évolutions technologiques inévitables. Cependant, la direction reste en désaccord avec ces constats alarmants. Vincent Lecerf, directeur des ressources humaines chez Orange, insiste sur la nécessité de transformation de l'entreprise, affirmant qu'une enquête est lancée après chaque suicide et que la question a été discutée en conseil d’administration.

Il mentionne par ailleurs les dispositifs de prévention, d'accompagnement et de soutien mis en place suite à la crise des années 2000. Néanmoins, les syndicats, à l'exception de la CFDT, craignent que la répétition de ces tragédies ne se produise à nouveau. Ils exigent un moratoire sur la restructuration, mais la direction a déjà refusé cette demande.

Pour mémoire, en décembre 2019, Orange et plusieurs de ses dirigeants ont été condamnés pour harcèlement moral, une décision qui est le rappel d'une période sombre connue sous le nom de "crise des suicides". Dans une société de plus en plus connectée, la santé mentale des employés reste une question cruciale. Les histoires tragiques de salariés qui se sentent isolés et débordés doivent être écoutées pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.