
Un vaste réseau de passeurs démantelé : 1 700 migrants transférés à la frontière espagnole grâce à un hôtel de Perpignan
2025-03-21
Auteur: Jean
Le département des Pyrénées-Orientales était au cœur d'une opération judiciaire spectaculaire ce vendredi, lors d'une conférence de presse du procureur de la République de Marseille, qui a annoncé le démantèlement d'un important réseau de passeurs de migrants entre la France et l'Espagne.
L'opération, qui a eu lieu dimanche dernier, a mobilisé 70 fonctionnaires des deux côtés de la frontière pour frapper trois points stratégiques. Au total, 15 personnes ont été arrêtées, dont plusieurs individus passant sous les radars des autorités. Parmi eux, six ont été placés en garde à vue à Marseille, avec trois déjà mis en examen et incarcérés.
Quatre hommes ont été interpellés à Perpignan, dont l'un d'eux est l'un des chefs de ce réseau de passeurs. Âgé d'environ 40 ans et ayant un casier judiciaire léger, il est accusé d'avoir orchestré 475 passages clandestins entre mars 2024 et aujourd'hui. Selon le procureur, sa méthode d'opération incluait l'utilisation de rabatteurs travaillant à Perpignan et en Espagne, ainsi que des voitures ouvreuses et des logeurs prêts à accueillir les migrants.
L'hôtel Express, situé près de la gare de Perpignan, était décrit comme "une sorte de quartier général" du trafic, où des migrants en situation irrégulière attendaient leur prochain transport. Les gérants de cet établissement sont également sous enquête pour avoir logé des étrangers en toute connaissance de cause. Des témoins rapportent qu'une opération policière a eu lieu près de l'hôtel, avec une intervention musclée et des portes enfoncées.
La police a constaté qu'environ 570 passages en voiture avaient été réalisés par des routes de montagne pour acheminer 1 700 migrants en deux ans, majoritairement d'Algérie ou d'Afrique subsaharienne, moyennant des frais allant de 150 à 300 euros. Les migrants étaient récupérés près de la frontière espagnole et conduits à la gare de Perpignan ou vers d'autres villes comme Marseille et même jusqu'en Allemagne.
Parallèlement, une autre filière clandestine semble s'être établie à Marseille, après des tensions internes au sein du réseau principal, se concentrant sur des traversées maritimes entre l'Algérie et l'Espagne, avec des tarifs exorbitants de 9 000 à 17 000 euros pour les voyages. Cependant, cette nouvelle voie a été interrompue lorsque les autorités espagnoles ont saisi un semi-rigide de 8,5 mètres, avant même qu'il ne prenne la mer.
Ce démantèlement est exceptionnel car il révèle l'organisation méticuleuse de ce réseau de passeurs et met en lumière les défis rencontrés par les forces de l'ordre pour combattre le trafic humain à cette échelle.