Technologie

Un manager peut-il vraiment reconnaître un travail accompli avec ChatGPT ?

2025-04-05

Auteur: Sophie

Dans un monde où l'intelligence artificielle prend de plus en plus de place, une étude menée par trois chercheurs d'HEC en collaboration avec un cabinet d'audit a révélé des résultats surprenants. Des analystes juniors ont été chargés de rédiger huit notes – à la fois courtes et longues – dans le cadre d'appels d'offres, avec et sans assistance de ChatGPT. Ces documents ont été soumis à 130 managers, qui ignoraient qu'ils participaient à une expérience. Leur mission était d'évaluer si ces notes avaient été rédigées par des humains ou par une IA, dans le cadre d'une séance de formation fictive.

Les résultats de l'étude sont pour le moins édifiants. En effet, les managers ont cru à tort que 77% des documents avaient été élaborés avec l'aide de ChatGPT, alors que cela n'était vrai que dans la moitié des cas. Étonnamment, même lorsqu'ils prenaient connaissance de notes rédigées uniquement par des humains, 44% des managers restaient sceptiques, persuadés qu'une machine avait interféré. "Ces résultats montrent à quel point les managers peinent à distinguer le contenu généré par une IA de celui produit par un humain", souligne David Restrepo Amariles, un des chercheurs.

Un autre point fascinant a émergé : lorsque les managers ignoraient qu'une IA avait été utilisée, ils avaient tendance à évaluer le contenu comme étant de meilleure qualité. En revanche, une fois informés de l'utilisation de l'IA, ils estimaient que le consultant avait consacré moins de temps à la tâche, souvent en pensant qu'il n'avait passé qu'une heure sur un travail qui aurait normalement pris trois heures.

Cette dynamique soulève une question cruciale : un consultant a-t-il intérêt à informer son manager de l'utilisation de l'IA ? Les chercheurs concluent que non, car le manager ne pourra pas faire la différence et pourrait même imposer plus de travail à celui qui utilise ChatGPT de façon transparente.

Cependant, cette situation est désavantageuse pour l'entreprise dans son ensemble. Non seulement elle expose des risques de fuites de données ou d'erreurs générées par l'IA, mais elle ne bénéficie pas du gain de productivité réalisé par le salarié, qui reste une victoire personnelle sans effet positif sur l'équipe ou l'organisation.

Alors, comment faire évoluer cette situation ? Les chercheurs conseillent aux entreprises de favoriser la transparence concernant l'utilisation de l'IA tout en instaurant des mesures incitatives pour les salariés. Ce temps gagné grâce à l'IA pourrait être récompensé par des formations, des augmentations de salaire ou même l'instauration de la semaine de quatre jours. Une bonne pratique qui pourrait, à terme, transformer la culture de l’entreprise et son rapport à l’innovation.