
Trump et Milei : Les dirigeants s'emparent des cryptomonnaies... pour le pire
2025-04-01
Auteur: Louis
Le soutien récemment affiché par Donald Trump et l'Argentin Javier Milei aux cryptomonnaies a engendré des pertes dévastatrices de plusieurs milliards de dollars pour les investisseurs. Ce phénomène a fragilisé un secteur déjà en quête de légitimité, alertent des chercheurs interrogés par l’AFP.
En Argentine, tout a commencé en mi-février avec un message sur X du président ultralibéral annonçant le lancement d'une nouvelle cryptomonnaie, le "Libra". Cette initiative était prétendument destinée à financer des PME et à stimuler la croissance de l’économie locale. En quelques heures seulement, la valeur de ce jeton a grimpé de quelques cents à près de 5 dollars, pour s'effondrer brutalement par la suite, lorsque des investisseurs initiaux ont commencé à revendre, empochant des millions de dollars dans le processus.
Javier Milei, qui a par la suite retiré son soutien au "Libra", a nié toute responsabilité, déclarant : "Si tu vas au casino et que tu perds de l'argent, de quoi peux-tu te plaindre si tu savais qu'il y avait des risques ?" Claire Balva, directrice stratégie pour la fintech Deblock, souligne que cet événement aurait des répercussions plus larges sur le milieu des cryptos : "Par effet de halo, c’est toute la crypto qui s’est retrouvée éclaboussée."
Tout conflit nuit à la légitimité du secteur, a expliqué Larisa Yarovaya, responsable du Centre for Digital Finance à la Southampton Business School. "Tout piratage ou attaque spéculative peut avoir un effet contre-productif."
Lorsqu’il a lui-même lancé une cryptomonnaie, une ‘memecoin’ avant même d’être élu président des États-Unis, Donald Trump a connu une euphorie passagère qui a vite laissé place à une chute spectaculaire. Cette crypto a causé la perte de plus de 2 milliards de dollars pour environ 810 000 acheteurs. Cependant, Trump aurait récolté un montant impressionnant de 350 millions de dollars grâce à cette opération, selon le Financial Times.
Ironiquement, le Bitcoin, la toute première cryptomonnaie, a été conçu en 2008 pour échapper à toute autorité centrale. Pourtant, l’absence de réglementation favorise une dépendance des investisseurs vis-à-vis de personnalités influentes dans le domaine, comme le souligne Maximilian Brichta de l’Université de Californie du Sud.
Fait intéressant, Donald Trump, qui a été un critique acharné des cryptos, est maintenant devenu l’un de leurs plus fervents partisans. Bien que les prix aient beaucoup fluctué, ils ont connu un pic après son élection, avant de redescendre. Trump propose divers produits liés aux cryptomonnaies via sa propre plateforme d'échanges, alimentant les accusations de conflits d'intérêts.
Parallèlement, la Centrafrique est devenue le deuxième pays à adopter le Bitcoin comme monnaie officielle, après le Salvador, et a récemment lancé son propre memecoin, le "Car". Ce dernier, perçu comme une arnaque par le secteur, a rapidement chuté de plus de 90 % de sa valeur peu après son lancement.
Dans ce jeu spéculatif, de nombreux traders profitent des hausses et baisses de prix, même en recourant à des programmes automatiques pour maximiser leurs bénéfices. Afin de contrer ces manipulations, les bonnes pratiques stipulent que lors du lancement d’une cryptomonnaie, les premiers investisseurs ne devraient détenir qu’une part minime et être soumis à une période de blocage. Cependant, lors du lancement du "Libra", plus de 80 % des jetons étaient détenus par un petit groupe d'investisseurs, leur permettant de liquider facilement leurs positions, ce qui, selon Claire Balva, pourrait être qualifié d'"imprudence monumentale" ou même de "fraude pure et simple".