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Tremblement chez les constructeurs automobiles : qui veut retarder la réglementation sur les émissions de CO2 ?

2024-09-16

Dans un contexte d'inquiétude grandissante, plusieurs grands noms de l'industrie automobile européenne, emmenés par Renault et son directeur général Luca de Meo, ont sollicité l'Union européenne pour activer une procédure d'urgence visant à repousser de deux ans, jusqu'en 2027, l'entrée en vigueur de règles strictes sur les émissions de CO2. Cette réglementation, qui serait normalement applicable dès 2025, impose un plafond rigoureux de rejets de CO2 pour tous les véhicules commercialisés. Ce type de contournement de la réglementation, utilisant l'article 122.1 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), équivaut à un "49.3 européen" qui pourrait court-circuiter le processus législatif habituel en soupçonnant que des milliards d'euros auraient à être dépensés pour des amendes si les normes étaient appliquées à la date prévue.

Les montants des pénalités envisagés pourraient atteindre des sommets vertigineux : jusqu'à treize milliards d'euros pour les voitures particulières et trois milliards pour les véhicules utilitaires, un véritable cauchemar financier pour les entreprises concernées dans un marché où les ventes de véhicules électriques plafonnent à moins de 15 % pour les voitures particulières.

Face à cette situation alarmante, trois solutions délicates sont envisagées : réduire la production de véhicules thermiques de plus de deux millions d'unités, un coup dur pour l'emploi, rechercher des crédits carbone auprès de concurrents américains et chinois, ou encore demander aux États d'augmenter les subventions à l'achat de véhicules électriques. Hélas, l'approche actuelle semble aller à l'encontre de ces mesures.

Curieusement, tout cela se déroule alors que Stellantis, le deuxième acteur du marché européen, refuse de rejoindre la demande de ses concurrents. Selon un porte-parole, le groupe affirme être prêt à respecter les règlements en vigueur sans avoir besoin d'acheter des crédits carbone, ce qui soulève des questions quant à la stratégie à long terme de l'entreprise.

Dans un univers où les réglementations sur les émissions de CO2 deviennent de plus en plus cruciales pour la survie des entreprises, cette querelle sur le timing pourrait avoir des répercussions non seulement sur le secteur automobile, mais aussi sur l'avenir de l'environnement. Les consommateurs et les observateurs du marché n'attendent plus que pour voir si cette manœuvre sera couronnée de succès et les impacts qui pourraient s'ensuivre.