TEMOIGNAGES. "Je redoute de perdre des droits" : après la réélection de Donald Trump, la communauté trans est en émoi
2024-11-09
Auteur: Pierre
"Vous avez besoin d'un câlin ?" À la sortie du campus de l'université Howard à Washington, Misha affiche ce message poignant, le lendemain de l'élection présidentielle. Une heure plus tôt, Kamala Harris avait pris la parole pour exhorter ses partisans à "poursuivre le combat" après une défaite accablante. "Donald Trump va de nouveau prendre le pouvoir, c'est terrifiant," déclare Misha. "En tant que personne queer et trans, j'ai une peur immense pour notre avenir."
Cette peur résonne profondément au sein de la communauté trans aux États-Unis, amplement affectée par une campagne présidentielle où la transphobie a été omniprésente. La réélection de Donald Trump, qui a constamment ciblé les personnes trans dans ses discours, a placé la communauté dans une position précaire. Kai Alviar Horton, directeur de l'organisation Trans Lifeline, décrit ce moment comme un "épouvantable coup pour beaucoup d'entre nous", notant un environnement de plus en plus hostile envers les personnes trans.
Une pression qui se traduit par des lignes d'écoute submergées : selon Horton, l'équipe a reçu plus de 1 700 appels le lendemain de l'élection, beaucoup proviennent de personnes cherchant du soutien face à une fin d'année incertaine. Les appels concernant la crise se sont intensifiés également auprès du Projet Trevor, qui a rapporté une augmentation de 700 % des contacts après l'élection.
Dans ce désespoir, des histoires d'horreur émergent. Une jeune personne non binaire, appelant depuis l'Alabama, a exprimé des pensées suicidaires, persuadée que sa vie serait insupportable si Trump était réélu. "C'est terrifiant pour ces jeunes," ajoute Lance Preston de Rainbow Youth, "cette victoire accroît la peur d'une toute nouvelle forme de violence et de haine envers les personnes trans."
Les violences de rue envers la communauté trans ne sont pas seulement une crainte théorique ; elles sont déjà une réalité. En 2023, au moins 27 personnes trans et non binaires ont été tuées aux États-Unis, dont une majorité de personnes racisées, selon le Human Rights Campaign. "Sous une administration Trump, nous craignons que les auteurs de violences anti-trans échappent à toute responsabilité," met en garde Horton.
Au-delà des violences physiques, les menaces à la légalisation des droits des personnes trans se multiplient. Trump a promis de pousser le Congrès à adopter des lois interdisant les soins d'affirmation de genre pour les adolescents et à réduire les financements fédéraux pour les écoles qui soutiennent les droits des personnes trans, tout en interdisant leur reconnaissance dans les équipes sportives féminines. Une atmosphère d’impunité a déjà été observée et pourrait s'intensifier sous son administration.
Face à ces menaces, plus de 531 projets de lois anti-LGBT+ ont été lancés au niveau des États en moins d'un an, comme le rapportent les organisations de défense des droits civiques. Les sages avertissent que ces mesures peuvent prendre du temps à être contestées devant les tribunaux, surtout avec l'éventualité d'une nomination de juges conservateurs.
À l'approche de la réinvestiture de Trump, un sentiment de peur généralisée s'installe parmi les membres de la communauté trans. Chris Sederburg, un homme trans de 40 ans, témoigne : "Je ne sais pas de quoi demain sera fait. La peur de perdre accès à des soins vitaux, à des espaces sûrs, est omniprésente. Vous sortez et vous sentez que votre existence est en question."
La communauté trans américaine se prépare à un avenir incertain, mais témoigne d'une résilience inébranlable. Dans ces temps de crise, le soutien communautaire et l'activisme resteront cruciaux pour surmonter cette période sombre.