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TÉMOIGNAGES. "Jamais nous ne renoncerons à notre terre" : des milliers de Palestiniens regagnent le nord de Gaza, entre "joie" et "souffrance"
2025-01-28
Auteur: Chloé
C'est une véritable marée humaine.
Depuis 24 heures, des milliers de déplacés de Gaza commencent à regagner le nord de la région, portée par un mélange d'émotions. Lundi 27 janvier, une file ininterrompue de charrettes et de piétons chargés de bagages, de matelas et d'effets personnels défile le long de la route côtière. Des centaines de milliers de personnes retrouvent ce qu'il reste de leurs maisons et leurs proches qui ont survécu à cette tragédie.
Cet instant, empli de joie, est aussi teinté de tristesse à la vue des destructions causées par 15 mois de conflits. Selon des témoins, l'ambiance est partagée : la paix semble lointaine, mais les retrouvailles offrent un moment d'espoir. Le journaliste Rami Al Maghari, sur place à Gaza, a réussi à récolter plusieurs témoignages poignants.
Retour sur "la terre de ses ancêtres"
Les sourires et les embrassades sont omniprésents. Les bombes se sont tues il y a une dizaine de jours, un silence salué par la population. La musique s'élève dans les ruelles dévastées de Gaza, ranimant un sentiment de vie. "Cette journée restera gravée dans l'histoire de notre terre et de notre peuple", déclare Khaled, un homme pleine d'émotion. "Aucun mot ne saurait décrire ce que je ressens. Nous revenons à Gaza, jamais nous ne renoncerons à notre terre. Le peuple palestinien a le droit de vivre ici, sous ce ciel bleu, sur la terre de ses ancêtres."
Cependant, l'enthousiasme de ces retrouvailles contrastent avec les réalités désolantes du terrain. Les infrastructures sont en ruine, il n'y a pas d'eau courante ni d'électricité, et la plupart des immeubles sont à terre. La situation est alarmante : le gouvernement de Gaza, sous l'autorité du Hamas, a déclaré qu'il faudrait 135 000 tentes et caravanes pour accueillir ceux qui n'ont plus de toit, alors que plus de 90% des habitations ont été détruites par des mois de combats acharnés et de bombardements israéliens.
"C'est une souffrance"
Youssef, un homme marqué par son parcours, n'a pas partagé cette joie collective. "80% de ceux qui sont rentrés ont perdu leur maison. Que vont-ils faire ? Recommencer leur vie à zéro ? C'est une souffrance. Je comprends que les gens sourient, mais pour moi, retrouver Gaza sans rien, sans amis ni souvenirs, c'est dévastateur."
Ce père, déplacé à sept reprises durant la guerre, fait face à des défis gigantesques. "Ma priorité est de faire sortir mes enfants. Mon fils, bachelier, veut poursuivre ses études, mais que va faire ma petite fille de 10 ans, qui n'a plus d'école ici ?" s'interroge-t-il, abattu. Malheureusement, pour l'heure, aucun déplacement n'est possible depuis Gaza, excepté pour les miliciens blessés du Hamas, qui sont pris en charge dans des hôpitaux en Égypte conformément à l'accord de trêve.
La situation à Gaza demeure critique, et le retour des déplacés ne fait qu'accentuer la nécessité d'une aide internationale urgente et d'une résolution durable du conflit, afin que des jours meilleurs puissent enfin arriver pour le peuple palestinien.