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TÉMOIGNAGE. "La misère est à la vue de tout le monde" : un Gardois engagé à Mayotte après le cyclone Chido

2024-12-27

Auteur: Michel

Quinze jours après le passage dévastateur du cyclone Chido, Gabin Bouchez, un jeune homme de 25 ans originaire de Lasalle dans les Cévennes, ne peut que constater l'ampleur des dégâts : "Il n'y a plus de forêts. Il n'y a plus rien."

Arrivé à Mayotte il y a deux ans, Gabin, diplômé en architecture, a fait le choix de vivre sur l'île pour contribuer à son développement. Le cyclone, qui a frappé violemment l'île le samedi 14 décembre, a laissé derrière lui des destructions considérables, impactant les quelque 320 000 habitants.

"C'était du jamais vu."

Les premiers avertissements concernant le cyclone Chido ont été émis le 10 décembre, mais peu de personnes réalisaient l'ampleur de la menace. Contrairement à La Réunion, que Gabin connaît bien, Mayotte n'est pas habituée à ce type d'événements météorologiques. "Les bâtiments, et même les bidonvilles, ne sont pas adaptés," souligne-t-il. Malheureusement, de nombreux habitants n'ont pas pris la situation au sérieux, et certains, souvent en situation précaire, n'ont pas osé se réfugier dans des abris de peur d'être expulsés.

Lorsque le cyclone a atteint son paroxysme, les vents ont commencé à souffler dès 7h30 et Gabin, avec son colocataire, a vite constaté la dangerosité de la situation. La maison a tremblé sous la violence des rafales, les arbres ont été déracinés, et des débris ont heurté les fenêtres. "Nous avons eu peur. C'était effrayant," admet-il, avant de souligner qu'ils sont finalement sortis indemnes de cette épreuve.

Sans domicile

Après la tempête, Gabin et son colocataire ont dû abandonner leur maison devenue inhabitable. "On avait aussi peur des cambriolages," se remémore-t-il. En effet, leur logement a été cambriolé quelques jours plus tard, leur laissant de précieux outils manquants dans un contexte déjà difficile.

"En cinq jours, on a dormi chez cinq personnes différentes," raconte-t-il. Heureusement, leur réseau d'amis s'est révélait d'un grand soutien, leur permettant de trouver refuge chez un ami au sud de Mamoudzou.

Quinze jours après le cyclone, la situation reste critique. Bien que l'électricité soit revenue après une coupure de dix jours, des services essentiels tels que l'eau courante et le réseau téléphonique sont toujours absents. Les habitants se battent quotidiennement pour trouver de l'eau potable et de la nourriture.

"On est censé être un pays riche"

Malgré les défis, Gabin ne reste pas les bras croisés. Il s'est engagé dans des actions humanitaires aux côtés d'une amie travaillant pour une ONG. "Nous avons été parmi les premiers à visiter certains quartiers touchés, et nous avons vu des gens affamés et sans abri encore sous la pluie," explique-t-il. Ce désastre a mis en lumière l'ampleur de la pauvreté à Mayotte, une situation que beaucoup ne voyaient qu'en partie auparavant.

"Avant, la misère de Mayotte était masquée par la végétation. Maintenant, elle est exposée au grand jour. Quelle ironie que ce 101e département français soit si négligé !" déplore-t-il. Gabin espère que ce drame pourrait enfin attirer l'attention sur la nécessité d'un développement durable à Mayotte. "C'est un appel à action. Il est temps d'améliorer les conditions de vie sur cette île et de ne plus laisser ses habitants dans des situations indignes."

Gabin exprime également des attentes envers le gouvernement, avec des visites de responsables politiques attendues. Pour lui, il est impératif que Mayotte reçoive l'aide nécessaire pour se redresser et se développer comme les autres départements français. "J'aspire à un futur où cette île ne sera plus un réservoir de misère," conclut-il avec espoir. Son choix de rester à Mayotte, face à l'adversité, démontre sa détermination à contribuer à un avenir meilleur pour cette ile meurtrie.