Divertissement

TÉMOIGNAGE: "C'est seulement tard que j'ai réalisé que j'étais harceleur" : le combat de Valentin, 25 ans, pour sensibiliser sur le harcèlement scolaire

2024-11-07

Auteur: Sophie

"Trop peu de harceleurs prennent la parole." Valentin Vitti a vécu le harcèlement scolaire des deux côtés, il y a environ quinze ans, dans son collège de la région parisienne. Il a d'abord harcelé plusieurs camarades de la 6e à la 4e, avant d'être lui-même victime de harcèlement en classe de 3e. Depuis plusieurs années, il utilise sa notoriété en tant qu'influenceur pour sensibiliser les jeunes à ce fléau. Aujourd'hui âgé de 25 ans, il est le parrain du deuxième tome du manga Les Combats invisibles, qui sera publié fin octobre par les éditions Dupuis.

Valentin rappelle qu'à son arrivée au collège, les termes comme harcèlement, harceleur ou victime de harcèlement n'étaient pas couramment utilisés. "Le mot cyberharcèlement était encore moins connu à l'époque", explique-t-il. Dans un contexte de montée des réseaux sociaux, il s'est principalement exprimé sur Facebook sous un pseudonyme. Bien qu'il n'ait jamais été physiquement violent, il reconnaît avoir fait preuve d'une moquerie nuisible, soulignant ainsi l'importance de ne pas minimiser celles-ci.

"Pour que les harceleurs prennent conscience de leurs actes et ressentent de la culpabilité", insiste-t-il. À cette époque, Valentin comprenait progressivement que ses actes étaient néfastes. "C'est seulement tard que j'ai compris que j'avais été harceleur", confie-t-il. Bien qu'il préfère ne pas exposer en détail ses anciens comportements, il a pris des mesures pour s'excuser auprès des victimes.

Le jeune homme souligne que la perception du harcèlement dépend de la victime et non du bourreau : "Même une blague répétée peut être ressentie comme du harcèlement. Si la personne ne veut plus cela, alors c'est du harcèlement." Cette définition, bien qu'évidente pour certains, demeure floue pour d'autres, selon Valentin. Certains harceleurs peuvent regarder des documentaires sur le sujet sans réaliser leur propre culpabilité.

"Je parle pour aider, sensibiliser, et trouver une rédemption pour mes actes passés", déclare Valentin. Il souhaite que les harceleurs prennent du recul pour réfléchir à leur comportement : "Si vous agissez de manière douteuse, sachez qu'il n’y a pas de doute à avoir quant à votre responsabilité."

Valentin analyse également les raisons qui poussent certains étudiants au harcèlement : "Personne ne se lève un matin avec l'intention de devenir harceleur. Beaucoup sont influencés par un dilemme social, donc il est essentiel de comprendre leur vécu."

Il rappelle que des facteurs tels que des problèmes familiaux peuvent influer sur le comportement de ces élèves. Il souligne l'importance d'une approche empathique envers les harceleurs, pour tenter de comprendre leur comportement avant de leur faire des reproches.

Il insiste aussi sur la dynamique de groupe en harcèlement. "En 3e, dès que je suis devenu isolé, j'ai moi-même été harcelé", explique-t-il. Cela met en lumière le fait que les rôles de harceleur et de victime peuvent s'échanger facilement.

Pour aider à identifier les situations inquiétantes, il conseille aux adultes d'observer ceux qui semblent isolés ou trop en groupe, car ces dynamiques peuvent révéler des actes de harcèlement.

Son message s'adresse également aux victimes : "Si vous êtes harcelé, parlez-en. Si vous êtes harceleur, exprimez-vous également. Ne vous sentez pas coupable de prendre la parole."

Concernant les établissements scolaires, Valentin critique leur gestion du problème : "Les solutions actuelles se limitent souvent à des conseils de discipline, déplaçant ainsi simplement le problème sans le résoudre vraiment. Une victime se sentira mieux, mais une autre prendra sa place."

Il reste cependant pessimiste sur l'avenir : "Je suis convaincu que le harcèlement ne disparaîtra jamais, mais il peut diminuer grâce à une meilleure sensibilisation et à l'expression des victimes." Une partie des fonds générés par les ventes du manga Les Combats invisibles sera reversée à l'association e-Enfance, qui oeuvre pour la prévention du harcèlement scolaire.