Dans un contexte d'alerte croissante sur les activités criminelles sur sa plateforme, Pavel Durov, le fondateur de Telegram, a récemment admis que son application était devenue un sanctuaire pour divers groupes malveillants. Mis en examen pour complicité d'activités criminelles, sa déclaration a suscité des inquiétudes légitimes concernant la sécurité et la modération sur le service de messagerie qui compte près de 950 millions d'utilisateurs à travers le globe.

Durant son audition devant les juges au mois de décembre 2024, Durov n'a pas pu échapper à la réalité : Telegram a été identifié comme un abri pour des groupes impliqués dans des activités illicites, y compris la pédocriminalité et le trafic de drogues. Les autorités françaises ont mis en lumière la présence d'au moins une quinzaine de ces groupes sur la plateforme. Cet aveu choquant a ouvert le débat sur la responsabilité des entreprises de technologie dans la lutte contre la criminalité en ligne.

Malgré ses regrets, Durov a défendu sa création, affirmant qu'elle n'avait jamais été conçue pour servir les criminels. Il a tenté de minimiser l'importance de ces activités illicites, en notant que celles-ci ne représenteraient qu'une "fraction minime" des échanges sur Telegram. En effet, il a affirmé que la plateforme supprimerait chaque mois entre 15 et 20 millions de comptes d'utilisateurs suspects, tout en fermant un à deux millions de groupes ou chaînes liés à des pratiques douteuses.

Cependant, la modération s'avère être un défi majeur. Durov a lui-même reconnu des lacunes dans les systèmes de détection de Telegram, en particulier en ce qui concerne la langue et l'argot utilisés par les trafiquants, illustrant ainsi les difficultés techniques auxquelles l'entreprise est confrontée.

Sous la pression des autorités françaises, Telegram a promis d'améliorer sa coopération, répondant à 673 demandes judiciaires au dernier trimestre 2024, contre seulement 4 au trimestre précédent. Cette effervescence a même attiré l'attention du président Emmanuel Macron, qui a salué ces efforts, même si les magistrats demeurent réservés quant à l’efficacité de ces nouvelles mesures.

Parallèlement à cette situation juridique délicate, Telegram jongle aussi avec des enjeux financiers. Bien que le service ait annoncé son premier bénéfice net en 2024, il est dans le rouge avec une dette colossale de 2 milliards de dollars. Cette réalité financière pourrait expliquer les efforts de Durov pour redorer l'image de sa plateforme, car les activités criminelles nuisent à la réputation et aux affaires.

À l'échelle mondiale, Telegram a déclaré avoir fourni des informations sur plus de 10 000 utilisateurs suspects durant le premier semestre de 2024, un chiffre jugé insuffisant au regard de ses 950 millions d'utilisateurs. Alors que les enjeux s'intensifient, l'année 2025 s'annonce cruciale pour le service de messagerie. Les engagements pris par Durov seront-ils suivis d'effets concrets dans la lutte contre la criminalité? L'avenir de Telegram dépend de leur capacité à répondre aux défis qui se dessinent à l'horizon.