Syrie : Des manifestations massives des Alaouites après la mort d'un manifestant
2024-12-25
Auteur: Léa
Mercredi dernier, la ville de Homs, située dans le centre de la Syrie, a été le théâtre d'une tragédie lorsque des forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser des manifestants alaouites, entraînant la mort d'un protestataire et blessant cinq autres personnes, selon une ONG. Ce mouvement de contestation a été déclenché par la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant une attaque violente contre un sanctuaire alaouite à Alep.
Des milliers de membres de la minorité alaouite, dont le président récemment renversé Bachar al-Assad est issu, ont répondu à cet incident en manifestant dans de nombreuses villes telles que Tartous, Jableh et Lattaquié. Ces évènements marquent les premières manifestations de la communauté alaouite depuis la chute du régime d'Assad face à une coalition de rebelles menés par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a pris le contrôle d'importantes portions de territoire syrien en décembre dernier.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé la présence de rassemblements similaires dans d'autres villes comme Banias et Homs, où un couvre-feu nocturne a été imposé par les autorités locales. Les manifestations ont été exacerbées par la colère des alaouites, soulevée par des images d'attaques sur leur patrimoine religieux, faisant état de la mort de cinq employés d'un sanctuaire victime d'un incendie à Alep.
À Damas, le ministère de l'Intérieur a insisté sur le fait que la vidéo diffusée était ancienne. Ils ont prévenu que la réactualisation de telles informations vise uniquement à attiser les tensions entre les communautés syriennes, accusant des "groupes inconnus" de tenter de semer la discorde.
Les manifestations ont pris une tournure pacifiste, les participants crient "Alaouites, Sunnites, nous voulons la paix", tout en appelant à des sanctions contre les assaillants. Les pancartes brandies par les manifestants exprimaient des souhaits de liberté et d'unité, rejetant tout sectarisme et discriminations religieuses.
Cependant, la situation demeure tendue. Ghidak Mayya, un manifestant de 30 ans, a déclaré : "Pour le moment, nous écoutons les appels au calme, mais la situation peut exploser à tout moment."
S'inquiétant pour l'avenir, les Alaouites craignent de subir des représailles suite à la chute du régime d'Assad, qu'ils soutenaient massivement. Le politologue Fabrice Balanche a affirmé que cette communauté, qui représente environ 1,7 million de personnes en Syrie, soit 9 % de la population, a toujours été considérée comme le pilier du régime précédent, souvent appelé la "garde prétorienne" d'Assad. Cette dynamique pourrait mener à une crise encore plus profonde alors que la Syrie continue de faire face à des défis multiples dans un contexte de guerre persistante.