Divertissement

Sylvain Tesson : « J’assume qu’on me traite de bourgeois irresponsable qui vit sur sa tour de stylite »

2025-03-30

Auteur: Emma

De Belle-Île aux Marquises, en passant par l’Irlande, la Patagonie, le Vietnam et l’Italie, Sylvain Tesson nous livre son dernier récit, *Les Piliers de la mer* (Albin Michel), qui sortira la semaine prochaine.
Comment est née l’idée de cette nouvelle aventure, consistant à escalader une centaine de stacks dispersés à travers le globe ?

L’idée a germé alors que, avec Daniel du Lac, nous grimpions l’aiguille d’Étretat en 2020. À cette époque, pendant la pandémie de Covid-19, l’état d’urgence sanitaire était en vigueur. Nous avons décidé de braver un peu les règles en nous attaquant à ce rocher iconique, associé au roman *L’Aiguille creuse* de Maurice Leblanc. C’est lors de cette ascension que j’ai eu une révélation : ce que nous faisions n’était pas qu’un simple loisir alpinistique, mais revêtait une véritable signification symbolique.

Mon exploration des stacks, ces formations rocheuses isolées, est aussi un voyage introspectif à la recherche de liberté, loin de la pression sociétale moderne. Chacun de ces sommets représentait pour moi une évasion face à la précarité d’un monde en crise. En gravissant ces piliers, je voulais évoquer le contraste entre notre vie sur terre, ancrée dans les préoccupations matérielles, et l'ascension vers un idéal presque spirituel.

J’assume pleinement d’être perçu comme un bourgeois irresponsable. Mais au fond, cette critique montre aussi à quel point notre société a perdu le sens de l’aventure et de la quête personnelle. Mes excursions au cœur de la nature sont un rejet du consumérisme ambiant et une invitation à renouer avec notre essence. Que ceux qui n’ont jamais rêvé de gravir un sommet viennent suivre mon chemin ; l'âme de l'exploration ne meurt jamais.