Nation

Suspension de l'expulsion de l'influenceur "Doualemn" : Un tournant judiciaire majeur

2025-01-29

Auteur: Michel

Le juge des référés du tribunal administratif de Paris a décidé, le mercredi 29 janvier, de suspendre l'expulsion vers l'Algérie de l'influenceur Boualem Naman, plus connu sous le nom de "Doualemn". Cette décision fait suite à la procédure d'urgence initiée par Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, jugée infondée par la justice française.

Le tribunal a reconnu que les accusations portées contre M. Naman, âgé de 59 ans, constituaient "une menace grave à l'ordre public justifiant une expulsion". Cependant, il a condamné l'utilisation d'une procédure d'éloignement en "urgence absolue", soulignant qu’elle privait l'individu de "garanties essentielles" qui doivent être respectées dans toute procédure d'expulsion.

La controverse entoure une vidéo publiée par Doualemn sur TikTok, où il a tenu des propos interprétés comme un appel à la violence contre un opposant au régime algérien. Bien que le gouvernement ait présenté ces déclarations comme une incitation au meurtre, le document judiciaire évoquant son procès mentionne plutôt une incitation à "attraper" un homme pour lui infliger une "correction sévère". Le juge a conclu que si M. Naman devait être expulsé, cela devrait être effectué selon une procédure ordinaire.

Bruno Retailleau doit maintenant réexaminer les éléments de la procédure dans un délai d'un mois. Les avocates de Doualemn, Julie Gonidec et Marie David-Bellouard, ont déclaré que cette décision représente un "camouflet" pour le ministre, qui tente de s'affranchir des procédures légales en vigueur pour mener des actions jugées brutales contre les étrangers. Elles ont également annoncé qu'une demande de mise en liberté serait déposée très prochainement.

L'expulsion controversée de Doualemn a déjà provoqué des tensions diplomatiques. À son arrivée en Algérie le 9 janvier, il a été immédiatement renvoyé en France par les autorités algériennes. Actuellement, il est détenu au centre de rétention administrative (CRA) de Mesnil-Amelot, près de l'aéroport de Roissy - Charles-de-Gaulle.

Au début de janvier, l'influenceur a été arrêté à Montpellier après la publication de sa vidéo sur TikTok, qui appelait à la violence. Ce contenu a été signalé par Michaël Delafosse, le maire de Montpellier, et le préfet de l'Hérault. Le procureur de Montpellier a expliqué à l'Agence France-Presse que les propos tenus dans la vidéo appelaient non seulement à "tuer", mais aussi à "faire souffrir" un homme perçu comme un opposant au gouvernement d'Alger, exacerbant ainsi la friction entre Paris et Alger.

Cette affaire soulève d'importantes questions sur la liberté d'expression, les droits des étrangers en France et les relations diplomatiques entre la France et l'Algérie. La suite des événements pourrait avoir un impact significatif sur la façon dont de telles discussions sont menées à l'avenir.