Monde

Suisse : un suicide assisté controversé à bord de la "Tesla du suicide assisté"

2024-09-25

Auteur: Chloé

Une invention qui suscite des débats intenses.

En juillet dernier, Philip Nitschke, activiste et fondateur d’Exit International, une ONG néerlandaise soutenant la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, a dévoilé sa capsule innovante, surnommée la « Tesla du suicide assisté ». Dans une interview accordée au NZZ, il a expliqué les fonctionnalités de cette capsule, nommée Sarco, qui promet de « mourir sans douleur ».

« Le jour de notre mort est l’un des jours les plus marquants de notre existence », affirmait Philip Nitschke. Il a souligné que, lorsque la mort est inéluctable, il est raisonnable de vouloir l’accepter. L'utilisateur peut choisir de mourir dans un cadre idyllique, que ce soit avec une vue sur les montagnes suisses ou les vagues de l'océan. Selon lui, ce dispositif élimine la nécessité de procédures médicales complexes telles que les injections létales, remettant ainsi en question la médicalisation de la mort.

Présentation de la capsule Sarco.

La capsule, qui ressemble à un cercueil en verre, permet à la personne désirant mettre fin à ses jours de simplement appuyer sur un bouton. La porte se verrouille, et la cabine se remplit d'azote, entraînant la mort par hypoxie après quelques minutes. Nitschke a choisi la Suisse pour le premier test de cette technologie.

Première utilisation de Sarco.

Le 23 septembre, selon le quotidien néerlandais de Volkskrant, une femme de 64 ans, originaire du Midwest américain et souffrant d’un « déficit immunitaire grave », a été la première à utiliser la capsule Sarco, près d’une cabane en forêt à Merishausen, dans le canton de Schaffhouse. Florian Willet, co-président de The Last Resort, la branche suisse d’Exit International, a décrit ce décès comme « paisible, rapide et digne ». Nitschke a déclaré qu’il était « heureux que le Sarco ait fonctionné comme prévu, permettant une mort choisie, sans médicaments, au moment voulu par la personne ».

D'après des affirmations de Nitschke, la femme aurait agi sans hésitation : « Lorsqu'elle est entrée dans le Sarco, elle a immédiatement appuyé sur le bouton. Elle voulait vraiment mourir », a-t-il rapporté. Avant son acte, elle aurait consulté un psychiatre et fait une déclaration auprès des avocats de The Last Resort.

Réactions et légalité.

Cependant, suite à cet événement, plusieurs personnes ont été placées en garde à vue, notamment des membres de The Last Resort, dont des avocats et un photographe du Volkskrant, pour suspicion d’incitation et de complicité au suicide. Face à ces événements, la ministre suisse de la Santé, Élisabeth Baume-Schneider, a exprimé des réserves sur la légalité de l’utilisation de Sarco, en affirmant qu’elle ne respectait pas les normes de sécurité actuelles.

Contexte légal en Suisse.

La Suisse est l’un des rares pays au monde où il est possible pour des étrangers de venir légalement mettre fin à leurs jours. Bien que l'euthanasie y soit interdite, le suicide assisté est permis à condition que ceux qui aident à mourir ne soient pas motivés par des intérêts égoïstes. Selon The Last Resort, la femme n’a payé que 18 francs suisses pour une bouteille d’azote, car l'utilisation de Sarco est supposée être gratuite, reflétant leur philosophie de ne pas tirer profit de la souffrance humaine. Les conséquences de ce test pourraient bouleverser le débat sur le suicide assisté en Suisse et ailleurs.