Les stablecoins connaissent une croissance explosive avec une capitalisation qui atteint des sommets, suscitant un intérêt palpable sur Wall Street. Dans ce contexte, Donald Trump propose le lancement de l'USD1, un stablecoin adossé à la dette publique américaine. Ce développement survient alors qu'il s'implique activement dans la régulation du secteur. La situation devient troublante lorsque le président d'un pays adopte la stratégie de créer sa propre monnaie, soulevant des questions fondamentales sur la démocratie et le pouvoir.

L'USD1 : un conflit d'intérêts sans précédent

Trump ne se contente pas d'influencer l'économie, il tire également profit de ses mouvements. Son projet USD1, orchestré par World Liberty Financial (WLFI), repose sur un modèle audacieux : un stablecoin soutenu par la dette publique et géré par une entreprise dont 60 % des actions sont contrôlées par sa famille. Cette situation crée une anomalie monumentale. Un président qui établit les lois tout en investissant dans le marché qu'il façonne représente un précédent alarmant.

Au-delà des implications financières, l'USD1 soulève également des enjeux constitutionnels cruciaux. L'Emoluments Clause de la Constitution américaine interdit explicitement à un président de bénéficier de gains financiers provenant d'entités étrangères. Dans le cas de l'USD1, des entités internationales pourraient acheter ces stablecoins et, par conséquent, gagner en influence sur la politique américaine.

Des implications inquiétantes pour la démocratie

L'implication de personnalités controversées, comme Justin Sun, dans le financement de ce projet complique encore la situation. Avec un investissement de 75 millions de dollars dans WLFI, Sun est déjà surveillé par la SEC (Securities and Exchange Commission). Ce qui soulève des questions sur l'absence de contrôle démocratique concernant le financement étranger qui pourrait être facilité par l'USD1.

Il est essentiel de s'interroger : les institutions américaines sont-elles prêtes à permettre à un président d'exploiter la dette publique comme un bien personnel ?

Des conséquences mondiales potentielles

La CDN (Crypto-Digital Network) avertit qu'il ne s'agit pas seulement d'un stablecoin, mais d'une manœuvre stratégique beaucoup plus vaste. L'USD1 pourrait accentuer la mainmise de Trump sur l'économie, lui permettant de monétiser la dette américaine tout en se présentant comme un régulateur. Sa proposition de loi, la GENIUS Act, pourrait verrouiller davantage le marché au profit de son propre stablecoin, provoquant une dynamique dans laquelle les stablecoins surpasseraient même les nations acheteuses de la dette américaine.

Un tel scénario pourrait déstabiliser l'équilibre économique global. Les régulateurs et les figures politiques s'alarment déjà. Elizabeth Warren demande une enquête pour examiner la nature éthique de ce projet, tandis que Heath Mayo critique ouvertement la situation en la qualifiant d’un affront à la démocratie.

La question aujourd'hui est de savoir si les régulateurs ont la volonté et les moyens d'arrêter ce phénomène inédit. Les implications de l'USD1 pourraient bien changer la manière dont les États-Unis interagissent sur le plan économique et géopolitique, et il serait déplorable que la démocratie paie le prix d'un conflit d'intérêts aussi flagrant.