Sites pornos : La course contre la montre pour protéger les mineurs et les inquiétudes des utilisateurs
2025-01-10
Auteur: Pierre
Un changement majeur s'opère dans le monde des sites pour adultes. À partir de ce samedi, ces plateformes doivent respecter de nouvelles règles de vérification de l'âge des utilisateurs, en vertu d'une loi adoptée en 2024 visant à sécuriser et réguler l'espace numérique (SREN). Selon les nouvelles directives de l'Arcom, une carte bancaire suffira initialement, mais à terme, les utilisateurs devront passer par des prestataires externes qui exigeront une pièce d'identité ou un selfie vidéo, une obligation qui suscite déjà de vives réactions.
Les utilisateurs de contenus pour adultes, que nous avons interrogés, accueillent cette nouvelle avec scepticisme. Simon*, un utilisateur, déclare : « C’est de la merde, hors de question de donner mon ID. À mon avis, il va y avoir un paquet de faux. » Marc*, quadra en région bordelaise, abonde dans ce sens, soulignant que cette situation rappelle les temps où il fallait compter sur un ami pour accéder à des contenus pornographiques, avec toutes les précautions possibles vis-à-vis de ses parents. Cela pousse même certains à envisager de créer un petit stock de vidéos sur leur disque dur.
Certains utilisateurs envisagent déjà des alternatives. Vince évoque que cette vérification pourrait être une contrainte pour ceux qui ont un besoin immédiat de consommer de la pornographie. Il partage également ses préoccupations sur la confidentialité, tandis qu'Alexis, 35 ans, avertit que cela pourrait asphyxier une industrie française déjà en difficulté, incitant davantage de gens à se tourner vers des plateformes illégales, souvent basées à l’étranger.
D’autres solutions émanent des discussions autour des réseaux sociaux tels que Reddit et Twitter, qui ne mettent pas en œuvre de contrôle d'âge. Des utilisateurs mentionnent aussi l’utilisation de VPN, permettant de masquer leur identité et leur localisation.
Les inquiétudes concernant la sécurité des données personnelles sont palpables. "Tonik" évoque sa peur de fournir des informations sensibles aux sites, soulignant que la sécurité sur Internet est peu fiable. Alexis ajoute que le risque de stigmatisation pourrait repousser les utilisateurs vers un accès inconscient à des contenus illégaux. Cependant, il est précisé que des entreprises tierces seront responsables de la vérification, ce qui pourrait alléger certaines appréhensions.
L’objectif initial de ces nouvelles règles reste louable, à savoir la protection des mineurs. Une étude de l'Arcom de 2023 estime que 12 % des visiteurs des sites pornographiques sont des mineurs. Filippo, un autre utilisateur, admet l'importance de trouver des solutions pour protéger les jeunes, malgré des doutes sur leur efficacité.
La majorité des utilisateurs s'accordent à dire que de nombreux sites tenteront de contourner ces nouvelles lois. Lionel* affirme qu'il ne pense pas que cela changera grand-chose, car il a l'habitude de visiter des sites qui ignorent les régulations existantes. Pour lui, la solution ultime serait que les moteurs de recherche bloquent toute recherche liée à la pornographie. Toutefois, en attendant, les internautes devront sans doute prévoir un peu plus de temps lors de leur prochaine séance de navigation sur ces sites.
*Les prénoms ont été modifiés.