Technologie

"Si l'on retire un téléphone portable le matin, ils en reçoivent un nouveau le soir" – Quel avenir pour les opérations de 'nettoyage' dans les prisons ?

2024-12-27

Auteur: Pierre

Environ 700 détenus se trouvent actuellement à la maison d'arrêt de Grasse. Face à la présence alarmante de téléphones portables, de drogues et d'armes blanches, le syndicat FO Justice, majoritaire dans cet établissement, réagit au projet de "nettoyage des prisons" proposé par le nouveau Garde des Sceaux, Gérald Darmanin.

Lors de son intervention sur TF1 le 26 décembre, Gérald Darmanin a exposé son plan pour rendre le système carcéral plus efficace. Parmi ses idées, il évoque la mise en place d'opérations "place nette", semblables à celles qu'il a réalisées pour lutter contre le trafic de drogue dans les zones sensibles lorsque qu'il était ministre de l’Intérieur. Certaines de ces actions avaient été menées à Nice et dans le Var.

Un appel à l'action : téléphones et drogues ciblés

Les gardiens de la maison d'arrêt de Grasse voient d'un bon œil ces futures opérations. Cependant, ils notent qu'un tel nettoyage systématique n'a pas eu lieu depuis près d'une décennie. Hervé Ségaud, secrétaire général adjoint de FO Justice, souligne que les fouilles étaient autrefois plus complètes : "Nous étions des centaines à fouiller tous les détenus et à inspecter l’intégralité des lieux. Résultat : nous trouvions de vraies menaces ! Aujourd'hui, nos moyens sont limités, et seules des fouilles sectorielles sont effectuées."

Conçue en 1992 pour accueillir 574 personnes, la maison d'arrêt de Grasse est en réalité surpeuplée avec environ 700 détenus, comprenant des personnes en détention provisoire ou condamnées à des peines de courte durée.

Drones et livraison clandestine : un défi quotidien

Comme dans d'autres établissements pénitentiaires français, de nombreux détenus à Grasse réussissent à se procurer des téléphones portables, malgré leur interdiction. Il est également rapporté qu'ils ont accès à des drogues et à des armes, notamment des couteaux en céramique, indétectables par les scanners de sécurité.

Hervé Ségaud révèle que des livraisons par drone ont été mises en place : "Les détenus reçoivent de la nourriture, de la drogue, et même des téléphones directement à leur fenêtre de cellule. Détenir un téléphone saisi un matin ne les empêche pas d'en avoir un autre le soir. De la viande fraîche, par exemple, est une denrée précieuse qu'on ne trouve pas en prison à cause des normes d'hygiène."

Les autorités tentent de lutter contre ce phénomène par l’installation de brouilleurs de drones. "Au départ, ces dispositifs étaient efficaces, mais ils ont rapidement été dépassés par la technologie. Bien que des efforts soient faits pour maintenir le contrôle des télécoms, chaque avancée technologique des détenus semble un pas en avant par rapport à nos mesures de sécurité."

Hervé Ségaud souligne l'urgence d'effectuer ces opérations "place nette". "Il est crucial d'y allouer les ressources nécessaires, sinon les conditions reviendront très vite à la normale."

Du nouveau dans la stratégie carcérale

Dans ce contexte tendu, l'administration pénitentiaire a choisi de rester silencieuse après la déclaration du ministre. Néanmoins, un aspect prometteur du projet de Gérald Darmanin concerne la création de prisons "à taille humaine", spécifiquement conçues pour accueillir des détentions courtes et des détenus non dangereux.

L’un des principaux revendications de FO Justice est de créer des établissements adaptés à la sécurité moindre, ce qui permettrait de désengorger le système actuel. "Face à la crise de la surpopulation carcérale, nous devons absolument bâtir de nouvelles infrastructures. Ignorer ce problème ne fera qu'aggraver la situation," conclut Hervé Ségaud.

En matière de sécurité et de gestion des prisons, le chemin est encore long et semé d'embûches. Quels défis attendent nos institutions devant cette réalité ? Il est temps d'agir !