
« Si cet arrêté passe, c’est la fin pour nous ! » : à Marseille, des épiceries se battent contre une mesure de fermeture nocturne
2025-03-10
Auteur: Léa
C'est un véritable cri de détresse qui s'élève de Marseille, où des épiceries de quartier portent plainte contre un arrêté qui menace leur existence. Après quatorze années de dur labeur, Sabri, 42 ans, et son frère ont ouvert une petite supérette dans le charmant quartier de la Corderie, non loin du Vieux-Port. Leur spécialité ? Le café napolitain, un véritable petit trésor qu'ils servent à une clientèle nocturne variée, comprenant ambulanciers, chauffeurs de taxi et policiers. "Marseille n’est pas un village. Beaucoup de gens travaillent la nuit, et chez nous, les épiceries, nous sommes comme des dépanneurs pour ces travailleurs fatigués," déclare Sabri.
C’est après 20 heures que les affaires fleurissent, représentant 90 % de leur chiffre d'affaires, rendant la situation d'autant plus critique face à l'arrêté imposant une fermeture obligatoire de 22 heures à 6 heures. Ce lundi 10 mars, avec une dizaine de collègues, ils se sont rendus au tribunal administratif de Marseille pour déposer une requête en référé-suspension contre cette mesure.
Proclamé par la préfecture le 24 février, cet arrêté viserait à rétablir l'ordre public, en réponse aux soi-disant "troubles" observés autour de ces établissements, tels que la consommation excessive d'alcool. Cependant, les gérants soulignent qu'une fermeture de nuit pourrait avoir des conséquences désastreuses sur leurs entreprises et sur le bien-être de leurs clients nocturnes.
Cette mesure, qui doit être mise en œuvre pour un mois à partir du 21 mars, est perçue comme un test, une "expérimentation" selon le préfet de police, Pierre-Edouard Colliex, qui en a fait l’une de ses priorités. Les épiciers, quant à eux, craignent que si cet arrêté passe, de nombreuses petites entreprises, qui font vivre le cœur de Marseille la nuit, soient contraintes de fermer leurs portes définitivement.
À Marseille, la vie nocturne est riche et dynamique, alimentée par divers commerces qui font partie intégrante du paysage urbain. Les conséquences de cette décision pourraient s’étendre bien au-delà des simples fermetures : elle pourrait perturber l'équilibre de la ville elle-même, éveillant un débat plus large sur la gestion de l’espace public et la vie nocturne. Les habitants et les travailleurs nocturnes de Marseille méritent-ils vraiment de voir cette vitalité réduite au silence ? Les prochaines semaines seront décisives pour l'avenir de la ville.