Sexisme au travail : Comment les courriels professionnels deviennent des outils d'oppression
2024-11-16
Auteur: Jean
Une étude récente réalisée par l'organisme Flashs a mis en lumière un phénomène troublant : près de la moitié des femmes salariées ont déjà ressenti une remise en question de leurs compétences en raison de leur genre. Ce constat alarmant, basé sur un questionnaire administré à 2 000 salariés et dirigeants, a révélé qu'environ 46 % des femmes interrogées se sont déclarées victimes de comportements sexistes dans le milieu professionnel. Léa Paolacci, chargée d’études chez Flashs, indique que ce chiffre est particulièrement marquant et souligne l'ampleur du problème.
Les témoignages recueillis au sein de cette étude montrent que le sexisme se manifeste également par des courriels jugés "inappropriés". En effet, trois femmes sur dix ont déclaré recevoir ce type de mail, et chez les jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans, ce chiffre grimpe à 50 %. Parmi ces communications, 19 % contenaient des contenus à caractère sexuel explicite. En plus de cela, beaucoup d’autres mails incluaient des demandes personnelles ou intimes ainsi que des propositions de rendez-vous en dehors du cadre professionnel, ce qui illustre une véritable culture de "micro-agressions" au sein des entreprises.
Une jeune femme, Jeanne, âgée de 30 ans, témoigne d’expériences malheureuses qu'elle a vécues pendant un CDD à Paris, décrivant des "courriels oppressants" venant d'un collègue bien plus âgé. Malgré ses tentatives de maintenir une distance professionnelle, elle a été submergée par les messages insistants de ce collègue. Un autre exemple est celui d'Agathe Peigney, cofondatrice de l'association Balance ton stage, qui affirme que les jeunes femmes en stage sont particulièrement ciblées en raison de leur vulnérabilité.
La complexité du problème réside aussi dans le fait que les courriels permettent une anonymité et une distance qui facilitent le harcèlement. Sabrina Tanquerel, professeure en gestion des ressources humaines à l'EM Normandie, note que les jeunes femmes sont maintenant plus conscientes du sexisme, en partie grâce aux mouvements sociaux comme MeToo. Cela les pousse à identifier et dénoncer plus efficacement ces comportements inappropriés.
Quant à la notion de "sexisme bienveillant", elle se manifeste à travers des stratégies qui visent à dévaloriser les contributions des femmes au sein de l'équipe. Cette forme subtile de discrimination fait également référence à des échanges informels, mais peut sans aucun doute se traduire par des mails contenant un langage inapproprié ou des sous-entendus.
Il est crucial que les victimes de tels comportements sachent qu'elles doivent réagir. Agathe Peigney insiste sur l'importance de ne pas banaliser les remarques sexistes, car cela peut mener à des comportements plus graves, notamment le harcèlement. Elle encourage les personnes concernées à recadrer l'expéditeur, à formaliser les plaintes en copiant des supérieurs dans les échanges, et à connaître leurs droits pour signaler de tels comportements.
La sensibilisation est essentielle, et il est primordial d'éduquer les employés sur ce qui constitue un comportement acceptable au sein de l'entreprise. C'est exactement le rôle qu'entend jouer l'association Balance ton stage. En dénonçant ces comportements, non seulement on protège les victimes, mais on contribue également à faire évoluer les mentalités en entreprise.