
Sécurité à vélo : Comment la science des données va transformer les trajets à deux roues
2025-03-10
Auteur: Chloé
Sur son vélo futuriste, Holger Caesar s'engage dans le flot intense de la circulation : équipé de capteurs laser et de scanners, ce chercheur néerlandais est en quête de données qu'il espère révolutionnaires pour la sécurité des cyclistes.
Son vélo électrique bleu fend le tumulte des étudiants sur le campus innovant de l'Université de Delft, aux Pays-Bas, où les pistes cyclables sont omniprésentes, dans un pays où le nombre de vélos dépasse celui des habitants.
"Nous enregistrons les comportements des cyclistes. Ces données pourraient avoir une multitude d'applications dans le futur", déclare M. Caesar à l'AFP.
L'objectif : aider les cyclistes à éviter les obstacles, promouvoir le développement de vélos autostabilisants, et surtout, enseigner aux véhicules autonomes à anticiper et éviter les collisions avec les cyclistes.
"Pour les voitures, c'est relativement simple à prédire, car elles vont vers la gauche, la droite ou tout droit. En revanche, prévoir les mouvements d'un cycliste s'avère plus complexe", poursuit M. Caesar.
Il ajoute : "Nous pourrions envisager une application qui avertit les automobilistes lorsqu'un cycliste effectue un mouvement inattendu, ce qui pourrait réduire significativement le risque d'accidents."
- Détection laser -
Doté de trois capteurs LiDAR (Light Detection And Ranging), le vélo surnommé "Delft SenseBike" semble tout droit sorti d'un film de science-fiction.
Cette technologie est largement utilisée dans les voitures autonomes pour créer une image en 3D de leur environnement. Les capteurs envoient de multiples rayons infrarouges qui se reflètent sur les surfaces environnantes et retournent vers le LiDAR, cartographiant la zone traversée - que ce soient des cyclistes ou d'autres objets en mouvement.
Les données collectées sont ensuite traitées par une méthode appelée "étiquetage", qui permet d'identifier les différents éléments visibles sur les images, comme "arbre" ou "cycliste". Cette technique vise à faire en sorte qu'une voiture soit capable de reconnaître un cycliste et d'éviter une collision.
"La première étape consistera à rendre ces données accessibles au grand public, afin que les universitaires, les entrepreneurs, et même les municipalités puissent en profiter pour améliorer la sécurité cycliste", précise M. Caesar.
De cette base de données, des algorithmes d'intelligence artificielle pourront être développés pour détecter, suivre et prédire le comportement des cyclistes, tout en permettant aux véhicules de planifier des itinéraires pour les contourner.
- Un enjeu de sécurité important -
Avec ses 37.000 kilomètres de pistes cyclables et 22 millions de vélos, les Pays-Bas sont une référence en matière de cyclisme. Pourtant, des lacunes demeurent dans la collecte de données sur les accidents. "Difficile de quantifier avec précision le nombre d'accidents, car tous ne sont pas enregistrés", souligne la Fédération néerlandaise des cyclistes.
En 2023, environ 270 personnes ont perdu la vie dans des accidents de vélo, selon le Bureau central des statistiques. Près de la moitié des décès étaient dus à des collisions avec des voitures, des camions ou des bus.
Esther van Garderen, directrice de la fédération cycliste, fait remarquer : "Les voitures deviennent plus sûres pour leurs passagers, mais pas pour les autres usagers de la route."
La science des données pourrait-elle un jour permettre aux vélos de circuler en toute autonomie, à la manière des voitures autonomes ? "Cela pourrait ôter le plaisir du cyclisme", rit M. Caesar.
"Néanmoins, nous sommes convaincus que grâce à la technologie et à la science des données, il est possible de rendre le cyclisme plus sûr et plus agréable. C'est un défi que nous sommes prêts à relever."
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