Nation

«Scandale», «sélection abjecte», «mépris pour le suffrage»... La gauche et le RN s'insurgent contre le projet du gouvernement Barnier

2024-09-19

Les réactions à l’annonce de la composition du nouveau gouvernement dirigé par Michel Barnier ne surprennent guère. Cependant, leur créativité dans les formules est toujours aussi frappante. Ce jeudi a été marqué par d'intenses discussions politiques, notamment entre Barnier et les représentants des forces politiques de centre et de droite à Matignon, suivies d'une réunion cruciale avec Emmanuel Macron à l'Élysée pour définir les contours de l'exécutif. Plusieurs noms importants ont fuité dans la soirée, incluant des propositions comme Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur, Annie Genevard à l'Agriculture, et le maintien de Sébastien Lecornu aux Armées.

Malgré la présence de quelques figures macronistes et Modem au sein de cette première liste, une large partie de la gauche, dont la célèbre candidate Lucie Castets a été écartée dès la fin août, exprime sa colère face à ce qu’elle considère être un glissement à droite du gouvernement. Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise, qualifie cette situation de «scandale», arguant que «ce sont tous les perdants des dernières élections qui vont composer le gouvernement». Et il appelle déjà à des mobilisations populaires.

En dénonçant la formation du cabinet comme «la plus grande arnaque de la Ve République», Bompard met en avant la disproportion des voix à l'Assemblée nationale, où le Nouveau Front populaire (NFP) possède le soutien électoral le plus fort. Son homologue Louis Boyard souligne amèrement que «le premier ministre d'un parti à 5% lors des législatives ira former un gouvernement de macronistes». Cette révolte conduit déjà à l'appel à des manifestations à travers la France, pour «défendre la démocratie».

Des élus socialistes comme Arthur Delaporte déplorent de façon énergique le «mépris des urnes», pointant du doigt une alliance inacceptable entre Renaissance et «la droite la plus dure». De leur côté, les concernés, tels que Bruno Retailleau, font face à des attaques acerbes. Le député LFI Antoine Léaument n'hésite pas à l'accuser de racisme, en référence à ses récentes déclarations sur les origines ethniques dans les banlieues. «Le peuple français a voté pour stopper Le Pen, pas pour avoir un raciste en charge de l'Intérieur», clame-t-il.

Les Verts ne sont pas en reste. Sarah Legrain interpelle leur responsabilité face à la nomination potentielle de Laurence Garnier, une figure anti-IVG ayant également soutenu des propositions contestées, au ministère de la Famille, y voyant une provocation inacceptable au moment où le pays se polarise autour des droits sociaux et des valeurs d'égalité. Un mot d’ordre semble émerger parmi l’opposition : la mobilisation pour défendre les principes démocratiques et écologiques face à ce gouvernement jugé illégitime.