Nation

Scandale des fausses procurations à Marseille : Treize personnes, dont deux anciens maires, sous les projecteurs de la justice après quatre ans d'enquête

2024-09-23

Le tribunal judiciaire de Marseille a ouvert, le lundi 23 septembre, une affaire qui scandalise la scène politique locale. Le procès des fausses procurations, utilisées lors des élections municipales de 2020, s'étalera sur une semaine. Au total, treize personnes sont mises en cause, y compris deux anciens maires issus du parti Les Républicains, ainsi que divers militants, colistiers, un commandant de police et un directeur d'Ehpad. Un fait alarmant : sur les 194 procurations frauduleuses identifiées, près de cinquante provenaient d'une maison de retraite où résidaient des personnes, dont certaines souffraient de maladies dégénératives comme Alzheimer.

Cécile Vignes, assesseure lors des élections municipales, se remémore l'arrivée de nombreuses procurations suspectes dans le bureau de vote qu'elle supervisait. "Petit à petit, nous avons vu des électeurs présenter des procurations, sans savoir pour qui ils votaient, cherchant désespérément des noms dans leurs sacs ou sur leurs téléphones", témoigne-t-elle. Une adresse en particulier, celle de la maison de retraite, revenait sans cesse.

Cette situation soulève des questions sur l'intégrité du processus électoral en France. Les procurations suspectes étaient le résultat d'une politique très "agressive" de collecte, orchestrée par certains protagonistes en lien direct avec le pouvoir local. Les enquêteurs ont identifié environ 200 victimes dans ce que l’on pourrait qualifier de "chasse" aux procurations frauduleuses, un stratagème facilité par la complicité d'un membre des forces de l’ordre.

Les anciens maires, Julien Ravier et Yves Moraine, tous deux issus des secteurs touchés par ces manœuvres, sont en désaccord avec les allégations portées contre eux. Moraine, colistier de Martine Vassal - actuelle présidente de la métropole - a reconnu devant les enquêteurs avoir adopté une stratégie "agressive" en matière de collecte de procurations, sans toutefois admettre de malversations.

Ce n'est pas le premier scandale qui a entaché les élections de 2020 à Marseille. Un autre procès est prévu pour octobre, impliquant cette fois des conseillers municipaux de la coalition de gauche, soupçonnés à leur tour d'avoir eu recours à d'autres fausses procurations. La situation soulève un débat important sur l'éthique en politique, alors que les électeurs manifestent de plus en plus de méfiance envers leurs représentants.