Affaires

Scandale des eaux en bouteille : la colère des sénateurs face aux "réponses robotiques" de l'ex-dirigeante

2025-03-19

Auteur: Michel

« C’est une audition qui ne mène à rien ! » Ce 18 mars, alors que l’audition de la présidente de Nestlé France touche à sa fin, le sénateur socialiste Alexandre Ouizille, rapporteur de la commission d’enquête sur le scandale des eaux en bouteille, exprime sa déception face aux réponses d’une froideur inexcusable.

Depuis plusieurs semaines, la commission d’enquête sénatoriale accumule les auditions avec les responsables de Nestlé Waters (Perrier, Vittel, Contrex...), dans le but de clarifier ce scandale qui cause un émoi croissant dans l’opinion publique. Plus d’un an après que Radio France et Le Monde aient dévoilé que le groupe commercialisait de l'eau étiquetée comme « minérale naturelle » tout en utilisant des traitements interdits, les sénateurs s’attendent à des clarifications.

Pour l’instant, toutes les personnalités auditionnées semblent tourner en rond ; aucun responsable n’a convaincu les sénateurs sur les raisons qui ont poussé à l’installation de filtres illégaux. Lors de leur audition du 6 mars dernier, les directeurs des usines concernées (Perrier dans le Gard et Vittel, Contrex, Hépar dans les Vosges) sont restés muets. Leur responsable, Sophie Dubois, directrice de Nestlé Waters France de 2018 à 2025, n’a pas été plus loquace, provoquant le mécontentement des membres de la commission.

« Les eaux embouteillées par Nestlé Waters France n’ont jamais présenté le moindre risque sanitaire », a-t-elle affirmé.

Après avoir subi une première série de questions, l’ex-directrice a fait valoir qu’elle n’était pas au courant de ces pratiques lors de sa prise de fonction. « J’ai été informée de ces traitements non conformes à l’été 2021 », a-t-elle reconnu, au moment où Nestlé Waters avait fait part au gouvernement de ces pratiques. Bien que l’entreprise ait reconnu des traitements non conformes, Sophie Dubois a soutenu que la situation était « héritée du passé » et a assuré que des mesures correctives avaient depuis été mises en place.

Actuellement, l'utilisation de filtres à charbon ou à UV pour traiter les eaux minérales a effectivement cessé. Certains forages ont été fermés et d'autres requalifiés pour ne plus produire d'eau étiquetée « minérale naturelle ». « Je tiens à être très claire : les eaux embouteillées par Nestlé Waters France n’ont jamais présenté de risque sanitaire », a-t-elle réitéré.

Toutefois, si Nestlé n’est pas directement accusé d’avoir mis en danger la santé des consommateurs, le groupe fait face à des accusations de tromperie, ayant commercialisé des bouteilles mal étiquetées. Le 13 février, une enquête pour « tromperie » a été ouverte par le tribunal de Paris contre le géant suisse et son concurrent Sources Alma (Cristaline, St-Yorre…). Sophie Dubois a rejeté ces accusations, affirmant que « le goût unique de nos eaux et leur composition minérale unique » avait été préservé.

« Nestlé n’a absolument pas joué le jeu ! » s’est exclamé le sénateur Ouizille. Les premières explications de Sophie Dubois n’ont pas su convaincre les élus. « Vous découvrez des pratiques illégales qui mettent en péril la santé publique et vous ne vous interrogez même pas depuis quand cela se produit ? Pas d’enquête interne pour comprendre ces pratiques ? » s’est-il indigné.

Sophie Dubois a enclenché une nouvelle fois sur le fait qu’elle n’était pas au courant des agissements dans l'entreprise avant l’initiation du plan de transformation. Les sénateurs semblent déterminés à tirer au clair cette affaire, d’autant plus qu’une nouvelle audition est prévue le 19 mars. Ils espèrent obtenir des réponses concrètes de Muriel Lienau, la nouvelle présidente directrice générale de Nestlé Waters, qui, forte de son expérience en Europe et au Moyen-Orient, pourrait être en mesure d’apporter une lumière sur ces sombres révélations.

La transparence de Nestlé est mise à l’épreuve, et le public attend des explications claires, non seulement pour rassurer sur la qualité de l'eau, mais aussi pour restaurer la confiance en l'une des plus grandes marques de l'eau minérale.