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Scandale à Rivesaltes : Les viticulteurs catalans en guerre contre le muscat grec

2025-01-08

Auteur: Léa

Au cœur de la colère des viticulteurs catalans, une nouvelle polémique éclate autour de l'embouteillage de muscat grec à Rivesaltes, un acte perçu comme une menace directe sur leur production locale de vin doux. Ces derniers mois, l'entreprise CVR Bourdouil, située près de Perpignan, a commencé à mettre en bouteille du vin doux en provenance de Samos, en Grèce. Une initiative fortement contestée par les producteurs locaux qui craignent pour leur survie économique.

Le mercredi 8 janvier, une opération coup de poing a eu lieu devant les locaux de CVR Bourdouil. Des membres de la Coordination rurale des Pyrénées-Orientales ont fait appel à la mobilisation en déversant des vieux piquets, pieds de vigne et souches, symbolisant ainsi la détresse du secteur. Des pneus ont également été utilisés pour bloquer les accès, tandis qu'une banderole accusait le muscat grec : "Muscat de Samos va te faire boire chez les Grecs".

Cette situation a été déclenchée par une découverte préoccupante : lors d'un contrôle dans l'Hérault en décembre, des viticulteurs ont scanné un QR code sur une bouteille et ont réalisé que du muscat grec, en vente en France, était embouteillé localement à Rivesaltes. Une information jugée comme un affront, provoquant une réaction collective parmi les producteurs de vin doux naturel.

Morgan Rodriguez, un viticulteur engagé, a souligné : "Nous, on ne vend pas notre vin, les cuves sont pleines et ces importations nous tuent. Ces souches et pieds de vigne à terre représentent la réalité de notre situation. Nous voulons faire prendre conscience au négoce que cela ne peut plus durer."

L'entreprise CVR Bourdouil a tenté de justifier son activité, déclarant avoir simplement besoin de diversifier ses lignes d'embouteillage. Philippe Maydat, viticulteur et président de la Coordination rurale, s'est indigné : "Nous étions favorables à l'agrandissement des chaînes d'embouteillage, mais pas pour des importations qui portent atteinte à la réputation de notre vin doux naturel."

La bataille s'intensifie : les viticulteurs prévoient de se tourner vers les distributeurs, demandant un soutien en faveur des produits locaux. La question du prix reste primordiale, car le muscat grec est souvent moins cher, bien que de qualité inférieure, ce qui entraîne des marges importantes pour certains intermédiaires.

La Compagnie Vinicole de Rivesaltes Bourdouil, filiale du groupe La Martiniquaise, a précisé que sur sa production, plus de la moitié répond à des prestations de services et que, selon eux, l'embouteillage de muscat grec ne concurrence pas leur production de muscat de Rivesaltes. Cependant, cette affirmation peine à convaincre des viticulteurs qui craignent pour leur avenir face à ce qu'ils perçoivent comme une menace existentielle.

Le développement de ces tensions souligne non seulement l'importance du patrimoine viticole local, mais également les défis auxquels font face les producteurs face à la mondialisation des marchés. En effet, alors que la production de vin doux en France atteint 231.000 hectolitres par an, dont 121.000 pour les vins doux naturels, la sauvegarde de ces traditions face à des importations massives devient un enjeu crucial.