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Salaires et compétitivité : Michelin sonne l'alarme sur l'avenir industriel de l'Europe

2025-01-28

Auteur: Marie

Florent Menegaux, PDG de Michelin, a récemment tiré la sonnette d'alarme sur les défis cruciaux affectant la compétitivité de l'industrie en Europe. Selon lui, cette situation, due à des coûts salariaux exorbitants et à une réglementation excessive, menace gravement la pérennité des entreprises, notamment face à une concurrence de plus en plus féroce en provenance d'Asie et des États-Unis.

Des coûts de production en flèche

Lors d'une déclaration devant les sénateurs français, Menegaux a indiqué que l'Europe est devenue « deux fois plus chère » que l'Asie en matière de coûts de production. Pour l'année 2024, le coût de production en Europe serait estimé à 191 % de celui de l'Asie, alors qu'il était de 134 % seulement en 2019. En revanche, les États-Unis ont vu leurs coûts passer de 127 % à 176 % dans la même période, soulignant un désavantage croissant pour l'UE.

Cette situation s'explique en grande partie par la flambée des coûts de l'énergie en Europe, une problématique d'autant plus aiguë pour des secteurs comme l'industrie pneumatique, connue pour sa forte consommation d'énergie. Même avec une électricité décarbonée, la France accuse un retard face à ses rivaux américains. En outre, Menegaux a évoqué la lourdeur de la fiscalité en France, qui serait la plus élevée d'Europe. Cette pression fiscale excessive, couplée à une inflation galopante, handicape sévèrement les entreprises françaises qui peinent à rester compétitives.

Un déséquilibre salarial alarmant

Un autre point crucial soulevé par Menegaux est l'écart entre les salaires bruts et nets en France. Pour illustrer ce déséquilibre, il a précisé que pour 100 euros bruts versés, l'entreprise doit débourser 142 euros, tandis que le salarié ne perçoit que 77,5 euros. À titre de comparaison, en Allemagne, un salarié perçoit 80 euros pour un coût de 120 euros, et au Canada, le coût est de 115 euros pour un net de 85 euros. Ce désavantage pèse lourdement sur la compétitivité de la France au sein de l'Europe.

Une réglementation étouffante

Menegaux a également dénoncé la complexité de la réglementation européenne, la qualifiant de « cauchemar administratif ». Il a mis en lumière les 27 déclinaisons nationales des directives européennes, qui créent des incohérences locales et entravent l'attractivité des investissements à long terme. Cette rigidité administrative profite aux concurrents chinois et américains, bien plus agiles et capables de s'adapter rapidement aux fluctuations du marché.

Face à ce constat, Florent Menegaux a appelé à des réformes structurelles aussi bien en France qu'en Europe, afin de réduire les coûts et d'alléger la réglementation. Sinon, l'industrie européenne risque de se retrouver de plus en plus à la traîne par rapport aux géants asiatiques et américains, déjà profondément ancrés dans des secteurs stratégiques essentiels. Une réaction s'impose pour éviter que l'Europe ne perde davantage de terrain dans une économie mondialisée impitoyable.