Une tragédie environnementale a frappé la mer Noire, où plus de 30 cétacés ont été découverts morts en mer suite au naufrage, survenu à mi-décembre, de deux pétroliers russes, le Volgoneft-212 et le Volgoneft-239. Les deux navires se sont échoués au cours d'une tempête dans le détroit de Kertch, qui sépare la Russie et la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Les pétroliers transportaient au total 9 200 tonnes de mazout, dont environ 40 % ont été déversés dans la mer. L'ONG russe Delpha, spécialisée dans la protection des cétacés, a déclaré avoir enregistré 61 cétacés morts, dont 32 ont été retrouvés après la catastrophe. Les experts estiment que ces décès sont probablement liés à la pollution causée par la marée noire.

« Nous recevons presque tous les jours des rapports de nouveaux décès », a déclaré l’ONG, qui travaille sur la réhabilitation des dauphins et autres espèces marines. Les marsouins semblent être les principales victimes de cette tragédie, et selon les analyses des corps, il est probable que la plupart des cétacés soient morts dans les dix jours suivant le déversement.

La situation reste préoccupante et les opérations de nettoyage se poursuivent. Environ 96 000 tonnes de sable contaminé ont été extraites de plusieurs kilomètres de plages, mais les autorités estiment que près de 200 000 tonnes de sols pourraient avoir été touchés. Malgré les efforts, la pollution nocturne au mazout lourd, qui ne flotte pas à la surface, complique considérablement les opérations de décontamination.

Le ministère russe des Situations d’urgence a annoncé que plus de 68 kilomètres de côtes ont déjà été nettoyés. Cependant, les enquêtes concernant les circonstances du naufrage n’ont pas encore abouti. Deux enquêtes criminelles sont ouvertes, cherchant à déterminer si les règles de sécurité ont été respectées ou si une erreur de l'équipage, ou encore une surcharge inattendue due aux vagues, en est la cause.

Cette catastrophe survient alors qu’en raison du conflit en cours entre l'Ukraine et la Russie, la Crimée est sous étroite surveillance et a été le théâtre d'attaques répétées. La difficulté d'accès maritime pour le ravitaillement de la péninsule a déjà été illustrée par le naufrage d'un ferry transportant des carburants, ciblé par une attaque ukrainienne à la fin d'août.

Comme la lutte entre Kyiv et Moscou continue d'avoir des répercussions désastreuses sur l'environnement maritime, cette tragédie soulève des inquiétudes quant à la gestion des conséquences écologiques de telles crises.