Robert Moracchini, né le 6 juin 1959 à La Porta en Haute-Corse, a été abattu le samedi 29 mars 2024, alors qu'il sortait de chez lui à Bastia, à proximité du commissariat de police. Sa mort tragique met fin à l'une des dernières figures emblématiques de La Brise de Mer, un groupe criminel qui a marqué la Corse dans les années 1980, ouvrant la voie à un système mafieux qui a trouvé des ramifications jusque dans des pays aussi éloignés que la Russie et l'Afrique.

Selon le procureur de la République, Jean-Philippe Navarre, Moracchini a été touché par plusieurs balles, suggérant qu'il s'agissait d'un guet-apens soigneusement orchestré.

Moracchini avait tenté de se distancer de son passé tumultueux et affichait une vie rangée, fréquentant régulièrement la place Saint-Nicolas à Bastia où il tenait un tabac et saluait ses connaissances avec fierté. Bien qu'il se vantait de mener une vie respectable, son histoire et son influence demeuraient profondément ancrées dans le milieu criminel corse. En 2024, lors d'un entretien avec un journaliste du Monde, il s'était défendu de tout lien avec son passé, affirmant avoir un casier judiciaire vierge.

Un protagoniste né sur les cendres de la violence

Le nom de Robert Moracchini a émergé très tôt dans les affaires criminelles. Le 15 septembre 1982, il fut arrêté suite à l'assassinat de Daniel Ziglioli, propriétaire d'une boîte de nuit sous la coupe d'un ancien clan, alors que la dynamique criminelle évoluait avec l'émergence de nouvelles générations de voyous qui se retrouvaient dans le bar de La Brise de Mer. Bien qu'il ait été aperçu en train de jeter l'arme du crime dans une rivière peu après les faits, il a finalement été acquitté lors d'un procès à Dijon en mai 1985, tout comme ses complices Pierre-Marie Santucci et Georges Seatelli.

L’assassinat de Moracchini soulève de nombreuses questions sur la sécurité en Corse, un territoire marqué par des rivalités persistantes entre clans. La police a déjà multiplié les interrogations sur les causes et les circonstances entourant ce drame, qui semble indiquer un retour en force de la violence mafieuse sur l'île. Les autorités locales craignent que cette récente escalade de violence ne rouvre d'anciennes blessures dans une société qui, bien qu’ébranlée, aspire à la paix.