
Révolution numérique : Le "double anonymat" pour sécuriser l'accès aux sites pornographiques
2025-04-11
Auteur: Philippe
Un nouveau système de vérification d'âge à partir du 11 avril
À partir du vendredi 11 avril, les sites pornographiques en France et hors de l'Union européenne seront tenus de vérifier l'âge de leurs utilisateurs. Cette initiative vise à s'assurer que seuls les adultes peuvent accéder à ce type de contenu. Cependant, la question se pose : comment les internautes accepteront-ils de fournir des documents personnels à ces plateformes ?
Une solution audacieuse : l'Autorité de régulation et le contrôle de l'âge
L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a donc élaboré un protocole de vérification de l'âge qui protège les données personnelles des utilisateurs. Lorsqu'un internaute se rend sur un site pour adultes, il lui est proposé plusieurs méthodes de vérification : vérification via une pièce d'identité, estimation d'âge par selfie, ou validation via une application déjà informée de l'âge. Tous ces processus sont fournis par des prestataires externes qui émettent une validation prouvant que l'utilisateur a plus de 18 ans.
Le défi de l'anonymat : garantir la confidentialité des internautes
Pour lutter contre le traçage des utilisateurs, le cadre technique imposé par l'Arcom exige que ces prestataires soient juridiquement et techniquement indépendants des sites pour adultes, ne stockant aucune donnée personnelle liée à l'âge d'un utilisateur. Ce principe est ce que l'on appelle "l'anonymat simple". Cependant, il subsiste un risque que les prestataires puissent identifier les sites qui demandent des preuves d'âge.
Entrez le "double anonymat" : la sécurité renforcée
C'est ici que le "double anonymat" prend toute son importance. Les sites concernés doivent appliquer cette approche pour au moins une des méthodes de vérification d'âge. Comme l'explique Olivier Blazy, expert en cryptographie, ce système vise à protéger à la fois l'identité de l'internaute et le site pour lequel il valide son âge. En pratique, le vérificateur utilise des techniques de chiffrement avancées pour s'assurer que ni l'un ni l'autre ne puisse être identifié.
Un niveau de sécurité supplémentaire, mais des limites demeurent
Cependant, choisir une méthode de vérification en "double anonymat" ne signifie pas que l'utilisateur devient invisible sur Internet. Les sites peuvent toujours collecter des informations sur les comportements de navigation grâce aux cookies et autres technologies. Il est conseillé de masquer son adresse IP pour diminuer les risques de traçage.
Un avenir incertain pour les prestataires de vérification
En théorie, le double anonymat ne doit pas divulguer plus d'informations que les méthodes actuelles d'accès à un site web, en dehors de la preuve que l'utilisateur a plus de 18 ans. Toutefois, la mise en œuvre pratique de ce système dépendra de la capacité des prestataires à respecter ces normes. Olivier Blazy a proposé la création d'une "autorité de confiance" pour certifier les prestataires de double anonymat, une idée que l'Arcom a finalement écartée, optant plutôt pour des audits indépendants.
Vers un avenir discret sur le web ?
La question qui se pose désormais est : ces audits seront-ils suffisants pour garantir que les utilisateurs ne subissent pas de violations de leurs données personnelles ? Les détails concernant la mise en œuvre de ces contrôles demeurent flous, et la vigilance sera de mise pour éviter que des acteurs peu scrupuleux n'émergent.