Nation

Retraites : doit-on suivre l'exemple de François Bayrou ?

2025-01-22

Auteur: Sophie

Lors de sa récente déclaration de politique générale, François Bayrou a souligné l'énorme difficulté du système de retraite en France. Ce dernier nécessite environ 380 milliards d'euros chaque année, dans un contexte où les dépenses publiques totales s'élèvent à 1600 milliards d'euros. En face de cela, le système ne recueille que 325 milliards d'euros de cotisations et d'impôts, ce qui laisse un écart alarmant de 55 milliards d'euros !

La situation devient encore plus préoccupante lorsque l'on constate que l'État finit par cotiser à un taux exceptionnellement élevé, atteignant en moyenne 85 %. En équilibrant le régime de ses fonctionnaires à travers un taux de cotisation exorbitant, l'État injecte chaque année « 40 à 45 milliards » d'euros de subventions dans le système de retraite, les autres employeurs publics complétant cette somme.

La question qui se pose alors est de savoir si le besoin de financement du système de retraite doit être calculé avant ou après la prise en compte des transferts d'équilibre. Ce débat a été approfondi par le spécialiste du sujet à l'Institut des politiques publiques (IPP), Patrick Aubert. Dans un article de blog éclairant, il souligne que bien que ce raisonnement soit légitime, il ne faut pas réduire la discussion à des considérations purement techniques. En effet, la manière dont les chiffres sont présentés peut influencer la nature des débats et, au final, les décisions qui en découlent.

Cependant, Aubert remet en question le chiffre avancé par Bayrou. Il explique que, même si le questionnement sur les besoins de financement est pertinent, la quantification des transferts d'équilibre est complexe et loin d'être évidente. De plus, il argue que prendre un taux de cotisation de l'État similaire à celui du secteur privé n'est pas convaincant, car les régimes de fonctionnaires offrent des avantages spécifiques qui justifient des niveaux de cotisation différents.

Il est nécessaire de considérer les particularités de certains métiers, souvent exposés à des risques ou à des conditions de travail difficiles, tels que les policiers ou les militaires. Par ailleurs, les fonctionnaires ne cotisent pas sur leurs primes, qui peuvent représenter une part significative de leur rémunération. Il serait donc plus pertinent de comparer un taux moyen sur la totalité des rémunérations des fonctionnaires avec celui en vigueur dans le secteur privé.

Un autre point soulevé par Aubert concerne la compensation démographique entre différents régimes de retraite. Le mécanisme instauré en 1974, visant à compenser les régimes où le nombre d'actifs est en fort déclin par rapport aux retraités, montre des lacunes dans sa mise en œuvre. Selon un rapport de la Cour des comptes de 2024, un calcul approprié de cette compensation pourrait faire gagner à l'État près de 11 milliards d'euros, alors qu'actuellement, il touchera seulement 500 millions d'euros.

Enfin, Aubert note que l'application d'un taux de cotisation uniforme pour les fonctionnaires civils ne prend pas en compte les disparités des conditions liées aux départs à la retraite. Par exemple, les policiers peuvent partir plus tôt que d'autres fonctionnaires comme les enseignants, entraînant ainsi des coûts indirects pour le ministère de l'Éducation nationale, qui finance en partie ces départs anticipés. Une meilleure prise en charge budgétaire par le ministère employeur serait donc nécessaire pour ajuster les coûts d'embauche des enseignants.

En somme, le débat autour du financement des retraites en France est complexe, et il semble que l'exemple de François Bayrou mérite d'être examiné plus en profondeur pour éviter des erreurs coûteuses à l'avenir. La viabilité du système dépendra d'une approche nuancée qui tienne compte des spécificités de chaque profession et d'une réévaluation des mécanismes de compensation en place.