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REPORTAGE. "Se battre contre la loi, c'est épuisant" : à Oklahoma City, le combat acharné des familles et des associations contre les lois antitransgenres

2025-01-29

Auteur: Chloé

Aux États-Unis, les attaques de la Maison Blanche à l'encontre des personnes transgenres perdurent. Après avoir interdit aux trans de servir dans l'armée, Donald Trump a également suspendu le financement public des interventions de transition de genre pour les mineurs. L'Oklahoma, un État conservateur du sud des États-Unis, est devenu un véritable laboratoire pour l'application de ces mesures. franceinfo a mené l'enquête à Oklahoma City.

RPC, un ancien militaire qui ne souhaite pas divulguer son nom complet, raconte comment il a été contraint de quitter l'armée il y a dix ans, faute de soutien. "L'armée n'est pas un environnement sûr pour les personnes queer et trans ; j'ai des amis qui sont encore en service, mais ils craignent d'être découverts et exclus", témoigne-t-il. En raison de son identité de genre, ce jeune homme au physique délicat se retrouve démuni face à la santé mentale et physique, ne bénéficiant pas du suivi médical dont il aurait besoin.

"Le département des anciens combattants me perçoit selon le genre qui figure sur mes documents. Ils refusent de reconnaître ma réalité de personne trans", explique-t-il avec désolation. Malheureusement, RPC ne peut pas attendre de soutien de la part de l'État de l'Oklahoma.

"Le week-end dernier, j'ai fait une tentative de suicide. Mon amie voulait appeler le numéro d'urgence pour les vétérans, mais je savais que cela ne servirait à rien", confie-t-il. Cette triste situation met en lumière des réalités accablantes auxquelles doivent faire face de nombreuses personnes trans, en particulier celles qui ont également servi leur pays.

RPC, une personne trans, ancien soldat, se sent trahi par l'institution militaire : "Après tout ce que j'ai donné pour eux, c'est difficile de réaliser qu'ils ne peuvent pas m'aider. Ce n'est pas un ennemi étranger qui m'a blessé, mais l'institution même que je servais. Ce décret ne fait que raviver des blessures anciennes."

En 2024, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant le gouvernement local, scandant : "Les vies des trans comptent!" Nicole McAffe, responsable d'une association dédiée à l'aide aux personnes trans, déclare : "L'État a suspendu la prise en charge des traitements de transition de genre pour les moins de 18 ans. Ceux qui fournissaient ces soins sont désormais considérés comme des criminels par la loi."

Les conséquences de ces décisions sont tragiques. "Certaines personnes doivent désormais voyager en dehors de l'Oklahoma pour recevoir des soins. D'autres familles se sont déplacées vers des États plus accueillants comme le Colorado ou le Minnesota. Malheureusement, cela a engendré des séparations, un parent emmenant un enfant, tandis que les autres restent", déplore-t-elle. "Ces politiques ont déjà causé énormément de souffrance aux familles. Se battre contre ces lois ? C'est éreintant."

Les perspectives d'action en justice contre ces décrets présidentiels semblent peu prometteuses pour les militantes transgenres et les anciens soldats affectés. Avec résignation, ils semblent se préparer à des années compliquées à venir, où le combat pour les droits des personnes trans se heurtera à une résistance grandissante au sein de l'État.