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REPORTAGE. "On a peur" : en Géorgie, la situation critique des Américaines qui souhaitent avorter

2024-11-07

Auteur: Marie

Après la victoire marquante de Donald Trump, de nombreuses Américaines s'inquiètent de l'avenir de leur droit à l'avortement. Plus de deux ans après l'annulation par la Cour suprême de la protection fédérale de ce droit, huit États ont voté par référendum pour élargir l'accès à l'avortement, tandis que la Floride et le Nebraska ont décidé de le restreindre. Ces référendums ont eu lieu le 5 novembre, en même temps que l'élection présidentielle, suite à des pétitions de citoyens désirant garantir les droits reproductifs. Pourtant, en Géorgie, un État fortement conservateur, aucun référendum n'a été organisé, laissant les femmes enceintes dans une situation critique.

Dans la ville d'Atlanta, généralement démocrate, beaucoup de femmes expriment leur inquiétude. "Nous avons peur. Nous avons peur que nos droits soient menacés", confie l'une d'elles, visiblement anxieuse.

Cependant, toutes les femmes ne partagent pas la même perspective. Reven, une jeune femme noire et fervente soutiendresse de Trump, soutient que "l'avortement est un meurtre" et qu'il doit être autorisé uniquement dans des cas exceptionnels tels que le viol ou la menace pour la vie de la mère. "Mais ce ne devrait pas être utilisé comme méthode de contraception", précise-t-elle.

Depuis l'annulation de la protection fédérale en 2022, la Géorgie a mis en place des lois très restrictives sur l'avortement, autorisé seulement durant les six premières semaines de grossesse, et uniquement si le cœur du fœtus ne bat plus ou si la vie de la mère est en danger. Ces lois, critiquées par des politiciens, suscitent une réelle inquiétude. La sénatrice démocrate Helena Parents dénonce une réalité alarmante : "Les médecins ici peuvent être poursuivis en justice s'ils pratiquent un avortement, ce qui crée une peur palpable", indique-t-elle. "La Géorgie a un triste bilan avec de nombreuses femmes qui perdent la vie à cause de complications liées à leur grossesse."

Officiellement, deux femmes enceintes sont mortes de retards de soins dans cet État de 11 millions d'habitants. Helena Parents ajoute : "Perdre un bébé est déjà une épreuve extrêmement difficile, mais ces lois imposées par notre ex-futur président rendent les choses encore plus tragiques."

Un récit marquant provient d’Every Davies-Bell, une chercheuse en génétique de 34 ans, qui a vécu un incident tragique lorsqu'elle était enceinte de 18 semaines et a dû faire face à une fausse couche. Son médecin a dû attendre que sa vie soit en danger avant d'agir, soulignant les complications que ces lois créent pour les femmes en détresse. "Si je suis encore en vie, c'est grâce à mes médecins qui ont agi avec prudence. Mais ils font face à des réglementations qui compromettent le soin des patients", explique-t-elle.

Les risques d'attente prolongée pour une intervention peuvent aussi entraîner des complications graves, allant jusqu'à la stérilité. Pire encore, le gouvernement conservateur de Géorgie envisage d'interdire la pilule du lendemain, une décision qui pourrait encore aggraver la situation des femmes dans l'État. La lutte pour les droits reproductifs en Géorgie reste cruciale et les voix des femmes s'élèvent de plus en plus pour défendre leurs droits fondamentaux.