REPORTAGE. "Des soins d'urgence pour tous les blessés" : Mayotte déploie un hôpital de campagne après le cyclone
2024-12-25
Auteur: Michel
Un impressionnant dédale de tentes blanches de 1 600 m² est installé au stade de Cavani, à Mamoudzou, à Mayotte. Cet hôpital de campagne, inauguré le mardi 24 décembre, a été créé douze jours après le passage dévastateur du cyclone Chido, en réponse à la nécessité urgente de soulager le seul centre hospitalier de l'archipel. Le dernier bilan provisoire fait état de 39 morts, mais la mission d'identification des victimes est toujours en cours, selon les autorités locales.
Cet hôpital de campagne peut accueillir au moins 100 patients par jour, un chiffre qui pourrait augmenter si la situation ne s'améliore pas. "Nous constatons de nombreuses plaies secondaires, des blessures survenues lors du cyclone Chido, notamment des blessures complexes aux membres", explique le médecin chef, Olivier. "Nous faisons face à des risques infectieux considérables", ajoute-t-il avec inquiétude.
Les risques de complications, notamment de tétanos, sont une préoccupation majeure. Un homme a été admis avec une blessure à la jambe causée par un clou planté lors du cyclone. "Le risque tétanique reste très élevé, c'est pourquoi nous effectuons systématiquement des tests pour la vaccination tétanique chez tous les patients présentant des plaies", précise le médecin.
Les grandes tentes blanches sont équipées de groupes électrogènes, de réfrigérateurs, d'une pharmacie bien approvisionnée, ainsi que de zones spécialisées, y compris un espace consacré aux mères et aux enfants. Un bébé de cinq mois y est soigné pour une forte toux. "Il est très encombré, il nécessite des soins attentifs", précise le médecin. Pour chaque enfant soigné, une peluche est offerte par les pompiers du Gard, un geste touchant dans cette période difficile.
La destruction causée par le cyclone a également mis les habitants en danger, les exposant davantage aux intempéries avec des toits endommagés.
Olivier, le médecin-chef, fait preuve d'un dévouement remarquable. Selon Stéphanie Jacquart, sage-femme, le cyclone a généré beaucoup d'angoisse chez les patientes. "Ce matin, j'ai eu une maman enceinte de quatre mois qui, en entendant les battements de cœur de son bébé sur l'appareil d'échographie, a craqué en pleurs,–un signe de soulagement alors qu'elle avait perdu tout le reste," raconte-t-elle.
Plus loin, le bloc chirurgical a réalisé quatre interventions depuis son ouverture, mardi matin. Malgré la chaleur écrasante de Mayotte, les médecins de cet hôpital de campagne sont prêts à se relayer jour et nuit, leur engagement indéfectible devant des conditions extrêmes se prolongeant au moins pour les trois prochaines semaines. Alors que les défis continuent de s'accumuler, la solidarité et le courage des soignants demeurent essentiels pour surmonter cette crise.