Réfugiés syriens en Europe : Pourquoi la chute de Bachar al-Assad a conduit à une suspension des demandes d'asile ?
2024-12-15
Auteur: Léa
Suite à la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie, plusieurs pays européens ont décidé, le 9 décembre dernier, de suspendre l'examen des demandes d'asile syriennes en cours. En Allemagne, où plus de 700 000 réfugiés et demandeurs d'asile syriens se trouvent, la ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser, a annoncé un "gel des décisions" sur les demandes actuelles en raison de "l'incertitude persistante" en Syrie.
Le ministère de l'Intérieur français a également indiqué envisager une suspension des dossiers d'asile syrians, en suivant l'exemple allemand. Des pays tels que le Royaume-Uni, le Danemark, la Norvège et l'Autriche ont également pris des dispositions similaires. Ces décisions témoignent des craintes liées à la volatilité de la situation en Syrie, alors que des espoirs de transition politique émergent à Damas.
Avec environ 100 000 demandes d'asile syriennes encore en cours d'examen au sein de l'Union européenne, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a reçu 2 500 demandes syriennes depuis le début de l'année, dont 700 sont encore en traitement. Le directeur de l'Ofpra, Julien Boucher, a souligné la nécessité de "prendre un peu de recul" avant de se prononcer sur ces demandes, afin d'éviter des décisions impulsives.
La chute du régime d'Assad a été perçue comme un souffle d'espoir pour beaucoup, mais le chaos et l'incertitude persistent. Le groupe islamiste Tahrir al-Sham (HTS) étant encore actif, la situation demeure préoccupante avec des accusations d'exécutions et d'arrestations arbitraires.
Une décision qui suscite des inquiétudes
Cependant, cette décision communal suscite des interrogations. Le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Michael O'Flaherty, a insisté sur le fait que les Syriens dont les demandes sont suspendues ne doivent pas rester indéfiniment dans l'incertitude. Les spécialistes préviennent que le caractère "temporaire" de ces suspensions pourrait s'éterniser, compliquant l'hébergement des réfugiés en attente.
La montée de l'extrême droite en Europe influence également ces décisions. Des pays comme la Suède et l'Autriche ont durci leurs politiques d'accueil face à la patate chaude des réfugiés syriens, poussant des discours xénophobes qui trouvent écho auprès de certains gouvernements. Le ton de ces gouvernements pourrait se durcir à l'approche des élections, faisant passer le message d'un refus d'accueillir de nouveaux réfugiés.
Une situation humanitaire alarmante
Loin d'être stabilisée, la situation en Syrie pose des défis humanitaires majeurs. Plus de 16 millions de Syriens ont besoin d'assistance, avec des niveaux de pauvreté alarmants atteignant 69% de la population. Pour le directeur du bureau du HCR en Europe, Philippe Leclerc, le retour des réfugiés ne doit pas être envisagé sans l'assurance d'une sécurité et d'une dignité, conditions qui sont loin d'être réunies en Syrie aujourd'hui. Les experts appellent à des efforts internationaux pour aider la Syrie à se relever et à reconstruire les services fondamentaux avant de considérer le retour des réfugiés comme une option viable.