Réforme de l'AME : Élisabeth Borne et Gérard Larcher s'affrontent dans un duel politique
2024-09-25
Auteur: Michel
POLITIQUE - Trois lettres qui font débat.
En proposant une réforme de l’AME (Aide médicale d’État), le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a déclenché une tempête politique. Cette initiative, plébiscitée par la droite et l'extrême droite, soutient que la France est trop accueillante envers les immigrés clandestins, attirant ainsi des personnes à la recherche de prestations sociales. Cette question avait déjà été soulevée par le Sénat lors de l'examen de la loi sur l'immigration l'hiver dernier - un Sénat dominé par la droite, sous la direction de... Bruno Retailleau lui-même.
« Je ne veux pas que la France devienne le pays d’Europe le plus attractive pour certaines prestations sociales et les soins de santé », a déclaré le ministre lors du journal de 20h sur TF1 le 23 septembre. Des propos qui n’ont pas manqué de susciter l’indignation, notamment chez les médecins, mais également à gauche et même au sein du camp présidentiel.
La Présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a mis en garde Bruno Retailleau sur le risque de « contourner » le Parlement s’il décidait de passer par décret pour réformer l’AME, ce qui signifierait agir sans le soutien des députés. Cependant, Gérard Larcher, président du Sénat, estime qu'il n'y a pas de sujet. « Ce n’est pas Bruno Retailleau qui a initié cette réforme de l’AME », a affirmé Larcher sur France Inter, en évoquant la possibilité de transformer l’AME en Aide médicale d’urgence (AMU).
L'ancienne Première ministre Élisabeth Borne avait déjà saisi Larcher par lettre en janvier dernier pour évoquer une éventuelle réforme de l’AME, réaffirmant qu'elle le ferait soit par voie législative soit par voie réglementaire. Cette déclaration vise à partager la responsabilité, et non pas à en faire porter le poids uniquement à Bruno Retailleau. D’ailleurs, Larcher a précisé qu'un ancien Premier ministre, Gabriel Attal, lui avait aussi confirmé qu’une voie réglementaire était envisagée, rendant cela également un enjeu des précédents gouvernements.
Toutefois, cette suggestion n’a pas plu à l’ancienne Première ministre Borne, qui a réagi directement sur X (anciennement Twitter). « NON Gérard Larcher, je ne me suis jamais engagée à supprimer l’AME ou à la transformer en AMU », a-t-elle rétorqué, se positionnant ainsi en opposition claire. La lettre qu'elle avait envoyée le 18 décembre 2023 au Président du Sénat évoquait bien la nécessité d’engager des évolutions réglementaires et législatives concernant l’AME, mais la question reste de savoir quelle forme cette réforme prendra. Les tensions au sein de la politique française se poursuivent donc, et cette dispute sur l'AME illustre les divisions profondes concernant la politique d'immigration dans le pays.
Avec la montée des débats sur l'immigration et les soins de santé, cette question pourrait devenir un thème central des futures élections. Quels seront les impacts de cette réforme sur les immigrés en situation irrégulière qui dépendent de l'AME pour leurs soins médicaux? La France est-elle prête à redéfinir ses valeurs face à la pression croissante sur ses systèmes sociaux? Restez connectés pour découvrir l'évolution de cette affaire brûlante.