Science

Recréer la glace en Arctique : un projet audacieux qui divise le monde scientifique

2024-12-16

Auteur: Pierre

Recréer de la glace en Arctique. C’est un projet ambitieux lancé par la start-up britannique Real Ice, qui collabore avec des experts pour développer une technologie censée lutter contre la fonte des glaciers, une menace imminente face au changement climatique.

D’après les informations de CNN, l’équipe de Real Ice a mené des tests depuis maintenant deux ans en Arctique, dont les premiers ont eu lieu en Alaska. L’objectif principal était de vérifier la viabilité de leur équipement dans des conditions extrêmes. En janvier dernier, les entrepreneurs et scientifiques ont réalisé des tests dans le village de Cambridge Bay, au Canada, où les résultats se sont révélés assez encourageants.

Une innovation révolutionnaire

Le projet consiste à installer des pompes électriques submersibles sous la glace, qui pompent l’eau de mer pour la remonter à la surface, où elle gèle en formant une nouvelle couche de glace. Chaque test a permis d’étendre le couvert glacé de manière significative. Un test en cours à Cambridge Bay a couvert jusqu’à présent 430 000 pieds carrés. Selon Andrea Ceccolini, co-directeur général de Real Ice, "au cours des dix premiers jours de l'essai, la glace était déjà plus épaisse de 10 cm dans les zones testées".

L’ambition ultime de Real Ice est d’accroître la surface glacière de l’Arctique sur plus de 600 000 kilomètres carrés, soit plus du double de la superficie de la Californie. Pour atteindre cet objectif colossal, les chercheurs envisagent de déployer des drones sous-marins alimentés à l’hydrogène vert pour automatiser le processus. Toutefois, cette initiative nécessiterait un financement de 5 à 6 milliards de dollars par an, un investissement considérable qui suscite des interrogations.

Controverses et débats

Ce projet s’inscrit dans un contexte plus large de propositions de geo-ingénierie afin de protéger les régions polaires vulnérables de la planète. En novembre 2024, un rapport coécrit par des scientifiques mettra en garde contre les conséquences environnementales potentielles de telles initiatives, notamment les risques associés à une affluence humaine accrue dans l’Arctique.

Liz Bagshaw, professeur associée en changement environnemental polaire à l’Université de Bristol, qualifie la démarche de Real Ice de "extrêmement discutable". Elle met en avant les effets environnementaux imprévus que pourrait engendrer cette technologie. "De telles interventions peuvent, au mieux, poser des dilemmes moraux et, au pire, mener à des irresponsabilités éthiques", a-t-elle affirmé à CNN.

En réponse à la critique, M. Ceccolini reconnaît que le projet pourrait avoir des impacts sur l’écologie marine, comme la croissance des algues, mais il soutient que l'inaction face à la fonte des glaces serait bien plus dommageable pour l’écosystème global. La discussion autour de ce projet met en lumière les choix difficiles que la communauté scientifique doit faire face à l’urgence climatique.