
Réarmement de la France : Où dénicher les 50 milliards d'euros supplémentaires par an ?
2025-03-10
Auteur: Jean
Dans un contexte de menace croissante provenant de la Russie et de l'incertitude entourant la politique de défense de l'Otan sous Donald Trump, l'Europe, et plus particulièrement la France, doit réévaluer ses stratégies de défense. Emmanuel Macron a proposé de doubler les dépenses militaires, ce qui représenterait un budget de 100 milliards d'euros par an pour la France, alors que le budget actuel, dépassant les 50 milliards, atteint déjà plus de 2% du PIB.
Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a précisé que pour que les forces armées françaises atteignent un "poids de forme idéal", il serait nécessaire d'investir toujours plus. Il a indiqué dans La Tribune que même un objectif de 5% du PIB équivaudrait à un budget de 140 à 150 milliards d'euros par an, qui, bien que tentant, pourrait ne pas être raisonnable à réaliser.
Face à ces défis, une réunion au ministère de l'Économie, prévue le 20 mars, visera à mobiliser les acteurs privés, y compris les investisseurs, les compagnies d'assurance et les banques. Ces derniers ont cependant été réticents à investir dans la défense en raison de préoccupations liées aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Le gouvernement espère les convaincre de s'engager davantage.
Un aspect clé de cette mobilisation pourrait concerner l'épargne des Français, avec l'idée de créer un livret d'épargne défense. Toutefois, la mise en œuvre de cette idée s'avère complexe; il faudrait proposer un taux attractif pour attirer les épargnants. Une alternative envisageable consiste à rediriger une partie des fonds du livret A, traditionnellement utilisé pour financer le logement social, vers les entreprises de défense.
Les grands groupes, tels que Dassault, Thales et Nexter, ne rencontrent généralement pas de difficultés pour obtenir des financements. En revanche, les petites et moyennes entreprises du secteur, qui se composent d'environ 2000 sous-traitants, peinent souvent à avoir accès aux fonds nécessaires. Bien qu’il existe déjà des dispositifs via la Banque publique d'investissement (BPI), le fonds dédié à la défense n’alloue actuellement que 300 millions d'euros. Il devient donc crucial soit d'augmenter ce montant, soit de créer un nouveau fonds spécifique pour aider ces PME.
En ce qui concerne la fiscalité, le président a affirmé qu'aucune augmentation d'impôts n'est envisagée pour le moment. Néanmoins, il semble difficile d'éviter un débat sur la question fiscale, surtout si le gouvernement souhaite préserver le modèle social et éviter toute diminution des prestations sociales.
Le débat sur la réforme des retraites, qui se tient actuellement et est teinté par des aspirations vers une "économie de guerre", pourrait également être impacté par ces nouvelles orientations. Gilbert Cette, président du Conseil de l'orientation des retraites (COR), a même suggéré que la question de l'âge légal de départ à la retraite, condamnée par de nombreuses discussions actuelles, pourrait devenir secondaire face aux besoins de financement de la défense.
Une chose est sûre : si des efforts financiers sont demandés aux Français, notamment à travers une augmentation de la durée de travail, les mouvements d'opposition vont inéluctablement croître, appelant à une plus grande contribution des plus fortunés, notamment via une réforme fiscale. Quelle que soit la stratégie appliquée, le risque de creuser encore la dette nationale persiste, soulignant la complexité et l'urgence de la situation.