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Que se serait-il passé si la réforme de 1982 avait introduit une part de capitalisation pour les retraites ?
2025-01-29
Auteur: Léa
Le débat sur les retraites reprend de plus belle en France, et l'idée d'introduire une part de capitalisation refait surface. Mais que serait-il advenu des retraités d'aujourd'hui si une telle mesure avait été adoptée en 1982 ? Le contexte est crucial pour comprendre cette transformation potentielle.
En effet, à l'époque de l'après-guerre, la France a dû faire face à la destruction quasi totale de l'épargne-retirement résultant des ravages de la guerre, de l'hyperinflation et des nationalisations. Le système de retraite par répartition qui a vu le jour avait pour but prioritaire de moderniser la société et d'investir dans la jeunesse du baby-boom, laissant les pensions initialement très faibles. Les « vieux » d'alors duraient dans des conditions souvent précaires, ce qui a donné lieu à l'instauration de réductions tarifaires pour les seniors. C’est durant les Trente Glorieuses que les pensions commencent progressivement à s'améliorer, mais la capitalisation reste absente du système.
L'arrivée massive des baby-boomers sur le marché du travail à la fin des années 70 et le désastre démographique de la Première Guerre mondiale ont pourtant offert une opportunité exceptionnelle. Le manque de carnets de retraite, combiné à un afflux de cotisants, aurait pu faciliter l'introduction de cette part de capitalisation. Si l'on regarde le modèle américain, qui repose aussi sur la répartition mais intègre des fonds de pension en capitalisation, cela soulève une question pertinente : pourquoi la France n'a-t-elle pas emprunté ce chemin ?
D’un côté, les États-Unis, sous la direction d'Alan Greenspan, ont anticipé l'avenir en augmentant progressivement l'âge de départ à la retraite et en constitutant un fonds de réserve. En France, en revanche, le choix a été de diminuer l'âge de départ à 60 ans sans se préparer aux défis démographiques à venir, malgré des plaintes croissantes concernant le manque de ressources pour les pensions.
Imaginons le scénario si une part de capitalisation avait effectivement été instaurée en 1982. Prenons un individu ayant perçu le SMIC durant toute sa carrière, investissant 10 % de son revenu dans un plan d'épargne défiscalisé. À travers les aléas de la bourse, malgré sa volatilité, cet individu aurait pu accumuler un capital considérable de 350 000 euros après 43 ans de travail. En comparaison, avec le système actuel, sa pension mensuelle ne dépasserait pas celle de 1 212 euros.
La réalité des chiffres prouve qu'avec 350 000 euros en capital, ce retraité pourrait recevoir 1 512 euros de mensualité pendant 23 ans, ajustée de l’inflation. Cela représente 300 euros de plus que la pension actuellement fournie par le système par répartition. Cette comparaison criante entre ce qu'un cotisant verse et ce qu'il perçoit à la retraite souligne l’inefficacité croissante du système actuel, avec des taux de rentabilité affligeants pour les générations futures.
Aujourd'hui, alors même que la question des retraites est un enjeu majeur en France, il est évident qu'introduire une part de capitalisation est devenu plus urgent que jamais. Les défis restent nombreux, mais la réflexion sur le passé pourrait sans doute ouvrir la porte à des solutions innovantes pour un avenir financier meilleur.