
«Quand la voix des enfants ne porte pas : le douloureux silence autour des abus de Joël Le Scouarnec»
2025-04-16
Auteur: Michel
Des décennies d'impunité brisées par une voix d'enfant
Il aura fallu attendre 2017 pour qu'un cri de désespoir vienne briser des décennies de silence. La petite voisine de Joël Le Scouarnec, alors âgée de seulement 6 ans, a eu le courage de signaler des actes abominables. Ce geste déterminant a mis à jour l'horreur des abus infligés par cet ex-chirurgien, accusé d'avoir agressé plus de 300 jeunes patients. Pourquoi tant d'enfants ont-ils gardé le silence si longtemps ? La réponse est tragique et complexe.
Le poids du silence et la mémoire des victimes
Le pédopsychiatre Thierry Baubet a déclaré : "Parler nécessite de se souvenir et de reconnaître la violence subie". Pour les victimes de moins de 3 ans, les souvenirs ne se forment pas ; au-delà, bien que des souvenirs apparaissent, ils sont souvent enfouis ou oubliés. Ils ne réalisent pas la nature sexuelle des actes subis, qui ne resurgissent qu'à l'approche de la puberté, souvent comme des bombes à retardement émotionnelles.
Des paroles étouffées par l'indifférence des adultes
Pour certains, le souvenir des abus a refait surface tardivement. Les victimes, souvent entre 8 et 11 ans, savaient que les actions de Le Scouarnec étaient loin d'être médicales. Orianne, aujourd'hui âgée de 43 ans, se remémore son opération de l'appendicite, transformée en cauchemar. Malgré ses tentatives de parler de sa douleur, personne ne l'a écoutée.
Les effets dévastateurs d'une parole minimisée
Les enfants, lorsqu'ils s'expriment, évoquent souvent leurs souffrances de manière indirecte, utilisant des mots inoffensifs. Ce manque d'écoute peut aggraver leur traumatisme. Comme l'a souligné le psychiatre Thierry Baubet, "une parole ignorée est souvent vécue comme un second traumatisme, tout aussi douloureux que l'agression elle-même." Les enfants, en quête de protection, peuvent craindre de parler de peur de ne pas être crus.
L'importance de l'écoute dans le processus de guérison
La psychologie des abus sexuels sur enfants reste un domaine méconnu en France. Les spécialistes insistent sur l'importance d'une écoute attentive et bienveillante. L'absence de soutien peut conduire à des conséquences dramatiques, à l'instar de Léo, qui, subissant des actes d'abus, a vu ses résultats scolaires chuter et a commencé à se renfermer dans le silence.
Un sujet tabou qui nécessite une prise de conscience
Le pédopsychiatre Thierry Baubet conclut en rappelant que les violences sexuelles faites aux enfants impactent une part significative de la société, avec plus d'un enfant sur dix concerné. Les abus sexuels sur mineurs ne doivent plus être un sujet tabou, et il est essentiel d’améliorer la formation des professionnels de santé et de l’éducation pour mieux accueillir et traiter ces traumatismes.
Il est temps d'écouter et d'agir pour briser le silence et protéger les plus vulnérables.