Nation

Procès des fausses accusations du « Point » : Raquel Garrido et Alexis Corbière dénoncent un travail « bâclé »

2025-03-14

Auteur: Philippe

« Nous vivons en ‘mythocratie’ et notre dernier rempart, c’est le travail des journalistes. » La colère de Raquel Garrido résonne au tribunal de Paris, moins de trois ans après les événements. Lors du procès en diffamation qu'elle a intenté avec son compagnon Alexis Corbière contre l'hebdomadaire le Point et son ancien journaliste Aziz Zemouri, l'ancienne députée a dénoncé des accusations infondées portées à leur encontre. En juin 2022, le magazine avait publié une enquête les accusant, à tort, d'employer une femme de ménage sans papiers.

Raquel Garrido a ouvert le bal des déclarations, s'étonnant de l'absence des deux prévenus, le journaliste Aziz Zemouri et le directeur de la publication du Point, Etienne Gernelle. « Il a pris ce qu’on lui a dit pour argent comptant et même avec gourmandise ! » s’est-elle indignée.

L'article en question, publié le 21 juin 2022, prétendait que le couple, tous deux députés de La France Insoumise en Seine-Saint-Denis, exploitait une femme de ménage sans papiers qu'ils auraient soumise à des rythmes de travail démesurés. L’article déformait encore des éléments de leur vie personnelle, affirmant qu'ils scolarisaient leurs enfants à Paris, information que le journal a ensuite dû retirer, admettant son caractère « faux » et « mensonger ». Dans un tweet, Etienne Gernelle a reconnu : « Des erreurs et des manquements à la prudence ont été commis. »

Ce dérapage est signe d'une méfiance grandissante envers certains médias français, où le sensationnalisme prime parfois sur la véracité. Cela a également mis en lumière des enjeux politiques, puisque les accusations semblent avoir émergé à un moment critique, à l'approche des élections législatives.

Aziz Zemouri, qui a quitté le Point après l'affaire, a présenté ses excuses, mentionnant avoir été « victime d’une manipulation ». Les investigations ont révélé que des experts avaient réussi à remonter à Rudy Succar, un ancien chauffeur du député Jean-Christophe Lagarde, qui aurait orchestré cette fausse accusation pour saper la campagne de Garrido, dont il était l'adversaire. L'ancien chauffeur a confirmé que ce comportement manipulatif venait de Lagarde, désirant nuire à son opposition.

Alexis Corbière a questionné : « Comment est-il possible qu’un grand hebdomadaire publie cela ? » Il souligne que la responsabilité des journalistes est de vérifier leurs sources. Les deux élus ont affirmé ne pas avoir été contactés correctement avant la publication de l'article, ce qui expose un défaut évident d'éthique professionnelle.

Raquel Garrido a en outre noté que d'autres journalistes, comme ceux de Libération, avaient rapidement démasqué les inexactitudes de l'enquête du Point. « En tant que militants, nous sommes habitués à être attaqués, mais ce moment a été très difficile pour notre famille », a déclaré Corbière à la barre. Ce procès remet ainsi en question les méthodes de certains journalistes et l’intégrité des informations diffusées, illustrant la nécessité d’un journalisme de qualité et rigoureux, essentiel dans notre démocratie.