Affaires

Procès de la Sfam : "Comment une assurance peut-elle vider mes comptes ?"

2024-09-27

C'était un moment crucial et très attendu par les victimes. Le mercredi 25 septembre, une dizaine de parties civiles ont pris la parole au tribunal, témoignant de leurs malheurs avec la Sfam, courtier en assurance en liquidation judiciaire depuis mai. Le groupe Indexia, également en liquidation, était dirigé par Sadri Fegaier, qui, avec six de ses sociétés, est accusé de pratiques commerciales trompeuses.

Bernard D., le premier à témoigner, est un professeur d’université qui raconte comment son aventure a commencé à la Fnac en 2018 lors de l'achat d'un téléphone. On lui avait promis qu'il pourrait piloter son contrat facilement par téléphone et qu'il recevrait un remboursement de 30 euros. Mais après avoir découvert des options ajoutées sans son consentement et des prélèvements injustifiés, il se retrouve avec un préjudice de 7 000 euros. Outre l'aspect financier, il exprime également une profonde détresse morale : "Une assurance doit protéger, je n'aurais jamais cru que ça pourrait me piller."

Un autre témoignage poignant vient d'une mère, Nicole D., qui raconte que son fils vivant à l'étranger a vu son compte siphonné après l'achat d'un ordinateur à la Fnac. Dès qu'il a tenté de résilier son contrat, les prélèvements sont devenus exponentiels, atteignant plus de 12 000 euros au total.

Les récits se suivent, illustrant une fraude systématique. Une retraitée, ancienne directrice des relations clients d'une compagnie d'assurances, relate des prélèvements incontrôlés sur son compte après l'achat d'un téléphone en 2017, totalisant près de 19 000 euros d'escroquerie. Sa colère est palpable : "J’ai passé ma vie dans les assurances et je me fais avoir par l'une d'elles."

Les plaignants, de tous âges et horizons, expriment leur détresse : un jeune homme a perdu 24 000 euros depuis qu’il a acheté un ordinateur à la Fnac à 19 ans. Un autre témoigne avoir subi un préjudice de 42 900 euros, provoquant une onde de choc dans la salle d'audience.

Une femme de 91 ans, Colette, a vu ses économies de toute une vie grignotées à cause d’un contrat imposé depuis 2014, et sa fille raconte l'angoisse de sa mère, qui ne parvenait plus à gérer sa banque et perdait pied à cause de cette situation.

Les témoignages révèlent une colère collective et une incompréhension face à un système qui semble avoir échappé à toute régulation. Plusieurs parties civiles insistent sur le fait qu'elles n'étaient pas seules dans cette spirale néfaste ; beaucoup vivent la même situation. Avec plus de 1600 plaignants, cette affaire pourrait faire bouger les lignes dans le domaine des assurances. La justice est attendue avec impatience, et les victimes espèrent que leurs cris seront enfin entendus.