Précarité énergétique : « J'avais 15 degrés et mes petits-enfants gardaient leurs manteaux », témoigne Maria
2024-11-16
Auteur: Emma
Dans un petit village tranquille de Gironde, lorsque l'on pousse la porte de la maison de Maria M., âgée de 62 ans, on est accueilli par une chaleur réconfortante en cette fraîche journée d'automne. Cette amélioration est le résultat de l'aide reçue par Maria, comme par environ mille autres ménages chaque année depuis 2017, grâce au Service Local d'Intervention pour la Maîtrise de l'Énergie (SLIME).
Avec un budget de 1,3 million d'euros, le dispositif a prouvé son efficacité puisqu'environ 40 % des ménages qui en ont bénéficié sont sortis de la précarité énergétique. Après un divorce, Maria, qui a emménagé dans cette petite maison de 60 m2 en 2019, se souvient d’un premier hiver particulièrement difficile : « Au début, j'étais contente de ma maison, mais l’hiver, c’était une autre histoire… ».
Une facture d'électricité choquante de 3.000 euros par an
Ses premières impressions lors des visites précédant l'achat étaient trompeuses. Une fois installée, avec sa retraite de 1.000 euros, elle a dû réduire ses dépenses d'énergie drastiquement : peu d'eau chaude, pas de lave-vaisselle et un lave-linge utilisé uniquement tous les quinze jours. La découverte de sa première facture d'électricité a été un choc : 3.000 euros par an alors qu'elle peinait à chauffer sa maison à 15 degrés. « Je mettais un tee-shirt, un pull, et m’enroulais dans une couverture pour avoir chaud. » raconte-t-elle. Les visites de ses petits-enfants se faisaient rares, le froid distendant les liens familiaux : « À 15 degrés, ils gardaient leurs manteaux chez moi. »
Après avoir vu son assistante sociale, elle a été orientée vers le SLIME, qui a financé des travaux d'isolation et l'achat d'un poêle à pellets. Depuis, tout a changé : maintenant Maria peut accueillir ses petits-enfants pour un petit déjeuner au chaud avant l’école, une sensation que elle chérissait tant. « Maintenant, je n’ai même plus hâte d'aller me coucher », exprime-t-elle avec bonheur.
La précarité énergétique touche près de 14 % des ménages en Gironde
Bien que le département estime que 14 % des ménages souffrent de précarité énergétique, il considère ce chiffre sous-estimé car de nombreux ménages qui sous-chauffent pour des raisons économiques ne sont pas inclus dans ces statistiques. Laure Curvale, vice-présidente à la transition écologique, souligne qu'il est essentiel d'étendre le développement de ce réseau. Elle rappelle les différentes situations que rencontrent les bénéficiaires : logements indignes, interventions mineures pour remplacer des appareils énergivores, et projets de rénovation plus importants.
Maria M. et d'autres bénéficiaires subissent souvent une double peine. Sa facture d'énergie absorbait la moitié de ses revenus mensuels, sans compter les préoccupations liées à la santé ou à l'accès à un emploi. « La précarité énergétique a des conséquences profondes », précise Laure Curvale, ajoutant que le froid a non seulement affecté son confort physique mais a également miné son moral, la poussant même à délaisser la décoration de son intérieur. Aujourd'hui, elle est fière de montrer un papier peint flambant neuf dans sa salle à manger, une manifestation tangible de son renouveau et de sa résilience.