Nation

Pourquoi les internes en médecine générale sont en grève : une situation alarmante révélée

2025-01-29

Auteur: Pierre

Les internes en médecine générale se mobilisent du mercredi 29 au vendredi 31 janvier pour exprimer leur mécontentement face à une réforme imposant une année supplémentaire de formation. Ils exigent un report immédiat de cette mesure qui, selon eux, met en péril leur avenir professionnel.

À Paris, ce 29 janvier, les internes ont prévu de faire entendre leur voix contre la réforme de la quatrième année d'internat, surnommée "année Docteur junior", instaurée fin 2022 dans le cadre de la loi de finances de la Sécurité sociale pour 2023. Actuellement formés en neuf ans, incluant trois ans d’internat, ces futurs médecins généralistes devront désormais subir une formation additionnelle, principalement sous la forme de stages en cabinet libéral ou dans des maisons de santé. Cette nouvelle exigence est perçue comme une désorganisation totale, les internes n’ayant pas reçu d’informations précises sur sa mise en œuvre.

Bastien Bailleul, président de l'Isnar-IMG, souligne que cette année supplémentaire a été conçue pour favoriser l’intégration des internes dans des structures libérales, afin de mieux préparer leur installation dans des zones souvent désertées par les médecins. Cependant, la réalité est bien différente. Le manque de clarté sur l'application de la réforme et le nombre insuffisant de maîtres de stage rendent la situation critique.

D’après des témoignages anonymes d'étudiants, la situation est d'autant plus préoccupante que le recrutement des maîtres de stage universitaires accuse un retard significatif. Ces internes pointent du doigt une attente de deux ans sans réponse du gouvernement, laissant les praticiens désemparés. En France, près de 4 000 futurs médecins généralistes manquent de possibilités d’accueil dans des structures adaptées, un problème déjà reconnu avant la mise en place de la réforme.

Il est estimé que moins de 50 % des médecins généralistes seraient en mesure d'accueillir des "docteurs juniors". Le refus de permettre aux internes de choisir leur zone d'affectation célèbre... une contradiction avec l'objectif de nouer des liens avec leur future patientèle. Ce flou, conjugué à des conditions de stage draconiennes, pousse de nombreux étudiants à envisager d'autres spécialisations, accentuant ainsi la crise de manque de généralistes en milieu rural.

La crainte croissante parmi les internes est de se retrouver contraints d'effectuer leur quatrième année dans des hôpitaux publics, un environnement déjà surchargé. "Nous ne sommes pas formés pour compenser un déficit d'effectifs dans les hôpitaux", déplore un étudiant, soulignant que leur parcours de dix ans ne devrait pas les contraindre à des affectations qui détournent leur vocation initiale de médecin généraliste.

La réforme semble ainsi aggraver déjà une situation précaire, où le nombre d'internes en médecine générale a baissé de 16 %, mettant en péril l'attractivité de cette spécialité. La faiblesse de l'offre de stages et une gestion chaotique des ressources découragent les futurs représentants de cette filière cruciale pour le système de santé français.

Aujourd'hui, une délégation d'étudiants sera reçue en commission parlementaire à l'Assemblée nationale, tandis que des bus en provenance de diverses facultés de médecine convergent vers Paris afin de montrer leur force. "Tous les étudiants sont unis derrière cette cause", conclut un interne, espérant que leurs voix seront enfin entendues par le gouvernement.