Pourquoi les fausses croyances ne sont pas uniquement liées au niveau d'éducation
2024-11-04
Auteur: Pierre
Il est communément pensé que l'adhésion aux fausses nouvelles et aux théories du complot provient d'un manque d'éducation ou d'une mauvaise pédagogie. Pourtant, des études récentes remettent en question cette idée.
Un exemple marquant est la polémique entourant Donald Trump et les "faits alternatifs" évoqués par Kellyanne Conway en 2017, lorsqu'elle défendait les déclarations de la Maison-Blanche concernant l'audience de l'inauguration présidentielle. Ces événements ont mis en évidence une défiance croissante envers les faits scientifiques au sein de certains groupes.
Une étude menée par la Fondation Jean Jaurès en 2020, durant la pandémie de Covid-19, a révélé que le niveau d'éducation n'était pas un facteur déterminant dans la résistance au port du masque. Malgré l'évidence scientifique, de nombreux individus, y compris des personnes hautement diplômées, doutaient de l'efficacité des mesures sanitaires. En effet, 36% des opposants au port du masque étaient des cadres ou des personnes occupant des professions intellectuelles supérieures, alors que ce groupe ne représentait que 18% de la population générale.
Ce phénomène ne se limite pas à la France et trouve des échos à l'international. Des recherches antérieures ont démontré que la méfiance envers l'expertise scientifique est souvent plus prononcée chez ceux possédant un diplôme élevé. Par conséquent, il est crucial d'explorer comment des groupes spécifiques se forment autour de croyances divergentes, parfois basées sur des perceptions libertaires ou des idéologies personnelles, plutôt que sur des données objectives.
La sociologie nous apprend que les croyances collectives s'ancrent profondément dans l'identité sociale et les valeurs familiales ou communautaires. Cela donne lieu à des "bulles cognitives", où des certitudes non-fondées s'entretiennent et se renforcent mutuellement, notamment via les réseaux sociaux. L'exploration de ces mécanismes est plus pertinente que jamais, alors que le débat public sur des sujets cruciaux comme le changement climatique ou la vaccination continue de susciter des controverses.
Nous devons donc nous interroger : pourquoi, malgré une éducation formelle et des preuves scientifiques accablantes, certaines personnes choisissent-elles de croire à des vérités alternatives ? À mesure que l'accès à l'information s'accroît, la manière dont les individus filtrent et interprètent ces données devient un enjeu majeur pour l'avenir de notre société. L'actualité récente démontre que les croyances ne s'éteignent pas suite aux avancées scientifiques ; elles peuvent carrément se radicaliser.
Ainsi, la réflexion sur la désinformation et la formation des consensus sur les réseaux sociaux est cruciale. Peut-on réellement comprendre pourquoi les fake news exercent une telle influence sur certaines populations ou comment les croyances erronées continuent de prospérer ? Des projets de recherche futurs seront vitaux pour aborder les raisons de cette dynamique.
Des initiatives comme le festival des Sciences sociales de l'EHESS, qui se penchera sur le thème de "l'information / désinformation" en 2025, illustrent bien l'urgence de ces questions pour notre société actuelle.