En 2016, Didier Deschamps a affirmé que « au haut niveau, associer deux défenseurs centraux gauchers n'est pas viable. » Ce constat a fait couler beaucoup d'encre, surtout lorsqu'il a choisi Adil Rami, un droitier, pour l'Euro, au lieu de Samuel Umtiti. Depuis, cette idée s'est répercutée dans le milieu du football, notamment en France, où la tendance à privilégier les défenseurs droits semble persistante. Pourtant, un vent de changement souffle, comme l'illustre le sélectionneur espagnol Luis Enrique, qui n'hésite pas à aligner deux gauchers, comme Aymeric Laporte et Pau Torres, lors de compétitions majeures comme l'Euro 2021.

Au Paris Saint-Germain, le coach a récemment testé le duo Lucas Beraldo et Willian Pacho, tous deux gauchers, au cœur de la défense. Bien qu'évalué comme « plus viable » en Ligue 1, ce tandem sera soumis à l'épreuve des grandes compétitions, avec un match crucial de Champions League à venir contre Aston Villa. Le défi d'intégrer deux gauchers dans cette position pourtant stratégique a suscité un débat passionné parmi les entraîneurs.

Olivier Dall'Oglio, ex-entraîneur de Montpellier, défend l'idée que l'évolution du jeu doit être prise en compte. « Ce qu'on cherche avant tout, c'est la complémentarité. C'est un poste de commandement qui demande des ajustements à l’entraînement », explique-t-il. Il souligne que la capacité d'adaptation et la flexibilité de jeu sont désormais cruciales, quel que soit le pied dominant.

Malgré cela, la réalité reste que les défenseurs droitiers sont en plus grand nombre. Beaucoup de jeunes gauchers, lors de leur formation, n'ont pas eu l'opportunité de développer leurs compétences de manière bien équilibrée sur les deux côtés du terrain. Beraldo est une exception notable, ayant évolué sur le côté droit au Brésil, ce qui lui permet maintenant de briller en tant que défenseur axial.

Pour d'autres joueurs comme Sven Botman de Newcastle, le passage à une position de défenseur axial droit a été un défi. Son entraîneur Eddie Howe a reconnu les difficultés que Botman a rencontrées lors d'un match de janvier face à Bournemouth, en raison de son orientation gauchère et des pressings adverses.

Le consultant Johan Djourou confirme ce fait en soulignant que chaque défenseur a ses particularités physiques et mentales qui influencent son adaptation. « Il est essentiel de comprendre que la position jouée doit correspondre aux aptitudes individuelles, sinon le joueur risque d'être rapidement mis sous pression », souligne-t-il.

En somme, bien qu'il existe des approches contemporaines qui défient les dogmes établis sur l'association de défenseurs centraux gauchers, les préjugés persistent. Les entraîneurs doivent désormais naviguer intelligemment entre tradition et innovation pour tirer le meilleur de leur équipe. Cette évolution dans le football ne fait que commencer, et les résultats des prochains mois pourraient bien redéfinir les schémas défensifs traditionnels.